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Attentat au Cachemire: ça chauffe entre l'Inde et le Pakistan

Indian soldiers guard after tourists were killed in Srinagar, Indian controlled Kashmir, Wednesday, April. 23, 2025. (AP Photo/Mukhtar Khan)
India Kashmir Attack
L'Inde déploie en permanence environ 500 000 soldats dans sa partie du Cachemire.Keystone

Touristes tués au Cachemire: ça chauffe entre l'Inde et le Pakistan

L'attentat qui a fait 26 morts mardi a exacerbé les tensions entre les deux pays qui se disputent la souveraineté de la région. L'Inde a notamment pris une série de mesures et renforcé sa présence militaire.
24.04.2025, 07:3024.04.2025, 07:35
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Les autorités indiennes ont pris mercredi une série de mesures diplomatiques punitives contre le Pakistan. Elles accusent ce pays de «terrorisme transfrontalier» après une attaque meurtrière contre des touristes au Cachemire qui a fait 26 morts.

Cet attentat a porté les relations entre les deux voisins dotés de l'arme nucléaire à leur pire niveau depuis des années. Certains craignent que la salve diplomatique de New Delhi ne soit que la première d'une série de mesures, avec le risque potentiel d'une action militaire.

Les mesures prises par l'Inde, notamment la suspension d'un traité crucial sur le partage de l'eau, la fermeture du principal poste frontière terrestre entre les deux pays et le rappel de diplomates, interviennent un jour après que des hommes armés ont ouvert le feu dans un haut lieu touristique de la partie du Cachemire administrée par l'Inde, tuant 26 hommes.

Les assaillants ont surgi de la forêt

Mercredi, le ministre indien de la Défense Rajnath Singh a déclaré que «les responsables et ceux qui se trouvent derrière un tel acte entendront très rapidement notre réponse, (elle sera) sans ambiguïté».

«Nous n'atteindrons pas seulement ceux qui ont mené l'attaque (mais) aussi ceux qui l'ont planifiée en coulisses sur notre territoire»

Le Premier ministre nationaliste indien Narendra Modi, qui a écourté une visite d'Etat en Arabie saoudite, a dénoncé cet «acte odieux» et promis que les assaillants seraient «traduits en justice».

La liste des victimes, vérifiée par la police, fait état de 26 hommes tués par des assaillants munis d'armes automatiques, qui ont surgi de la forêt près d'un site touristique à Pahalgam. Cette fusillade n'avait toujours pas été revendiquée mercredi soir.

Le Pakistan craint des restrictions sur l'eau

Le plus haut responsable du ministère indien des Affaires étrangères, Vikram Misri, a annoncé que «le traité de 1960 sur les eaux de l'Indus sera mis en suspens avec effet immédiat».

Ce traité répartit théoriquement l'eau entre les deux pays, mais il a donné lieu à de nombreux litiges. Le Pakistan craint depuis longtemps que l'Inde, qui se trouve en amont, ne restreigne son accès à l'eau.

L'Inde a déclaré qu'elle avait également ordonné aux attachés de défense d'Islamabad et à d'autres responsables militaires pakistanais en poste à New Delhi de quitter le pays avant une semaine, et qu'elle retirerait également du Pakistan ses conseillers en matière de défense, de marine et d'aviation.

La souveraineté du Cachemire disputée

A Islamabad, le vice-Premier ministre Ishaq Dar a indiqué que le Comité de la sécurité nationale pakistanais se réunira jeudi «pour répondre au communiqué du gouvernement indien». Cette instance composée de hauts responsables civils et militaires ne se réunit qu'en cas extrême.

Depuis leur séparation en 1947 à leur indépendance, l'Inde et le Pakistan se disputent la souveraineté de tout le Cachemire, à majorité musulmane, divisé entre les deux pays. Des insurgés mènent une insurrection depuis 1989 pour obtenir l'indépendance ou une fusion avec le Pakistan.

New Delhi accuse de longue date Islamabad de soutenir en sous-main les infiltrations et la rébellion armée au Cachemire. Le Pakistan a toujours démenti, affirmant ne soutenir que la lutte pour l'autodétermination.

Des hélicoptères militaires survolent la zone

Selon l'analyste Michael Kugelman, spécialiste de l'Asie du Sud, cette fusillade représente «un très sérieux risque de nouvelle crise entre l'Inde et le Pakistan, probablement le plus important depuis le bref conflit militaire en 2019». Des hélicoptères militaires survolaient mercredi cette région montagneuse et boisée pour tenter de localiser les assaillants et un important dispositif de sécurité a été déployé.

L'armée indienne a affirmé mercredi que deux insurgés présumés avaient été tués lors d'une fusillade dans le district de Baramulla, situé à une centaine de kilomètres au nord-est de la ville où à eu lieu l'attaque.

A Pahalgam, un guide touristique a expliqué qu'il s'était rendu sur les lieux après avoir entendu des coups de feu et avoir transporté certains blessés à cheval. «J'ai vu quelques hommes allongés sur le sol, ils avaient l'air morts», a témoigné Waheed, qui n'a donné que son prénom.

Les femmes ont été épargnées

Un témoin, ayant requis l'anonymat, a affirmé que les assaillants ont «manifestement épargné les femmes». Une survivante a raconté comment des hommes en uniforme étaient sortis de la forêt alors que des touristes profitaient de la nature, a rapporté le journal The Indian Express.

D'autres ont expliqué les avoir pris pour des policiers. «Ils étaient là, pendant au moins vingt minutes, imperturbables, se déplaçant et ouvrant le feu», a rapporté le quotidien, citant cette témoin pour qui cela «a semblé (durer) une éternité».

Environ 3,5 millions de touristes en 2024

L'Inde déploie en permanence environ 500 000 soldats dans sa partie du Cachemire, bien que les combats aient diminué depuis la révocation en 2019 de l'autonomie limitée de ce territoire.

Environ 3,5 millions de touristes ont visité le Cachemire en 2024, en majorité des Indiens, selon les chiffres officiels.

L'attaque la plus importante de ces dernières années remonte à février 2019. Des insurgés avaient lancé, à Pulwama, une voiture remplie d'explosifs sur un convoi de police, faisant 40 morts et au moins 35 blessés. (jzs/ats)

Etudiants de la région harcelés et menacés
De nombreux d'étudiants originaires du Cachemire indien ont été victimes de harcèlement et d'intimidation de la part des autorités après l'attentat, a accusé jeudi une association.
Selon l'Association des étudiants du Jammu et Cachemire, les autorités ont ordonné mercredi à nombre d'entre eux de quitter leurs logements dans plusieurs Etats tels que l'Uttarakhand, l'Uttar Pradesh ou l'Himachal Pradesh (nord).
Dans l'université de ce dernier Etat, des étudiants ont été accusés d'être des «terroristes», harcelés voire attaqués physiquement, a affirmé un responsable de l'association, Nasir Khuehami. «Il s'agit là d'une campagne délibérée et ciblée de haine et de calomnie contre des étudiants originaires d'une région particulière», a-t-il ajouté.
Une vingtaine d'étudiants ont par ailleurs quitté précipitamment mercredi Deradhun, la capitale de l'Etat voisin de l'Uttarakhand, après avoir été la cible de menace d'un groupe hindou d'extrême droite, le Hindu Raksha Dal, selon Khuehami.
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