International
Iran

L'Iran est affaibli: Israël et la Turquie avancent leurs pions

epa11787441 Houthi supporters wave flags (L-R) of Yemen, Iran, Hezbollah, Lebanon, Palestine and Iraq during an anti-US and anti-Israel protest in Sana'a, Yemen, 20 December 2024. Yemen's Ho ...
Des Yéménites brandissent des drapeaux (de gauche à droite) du Yémen, de l'Iran, du Hezbollah, du Liban, de la Palestine et de l'Irak lors d'une manifestation anti-américaine en décembre 2024.Keystone

La Turquie et Israël comptent profiter de la faiblesse iranienne

Les rapports de forces se modifient au Proche-Orient. La Russie est pour l'instant hors-jeu, les Etats-Unis veulent se retirer de la région, l'Iran est affaibli. Israël et la Turquie s'engouffrent dans la brèche.
28.12.2024, 18:42
Thomas Seibert, Istanbul / ch media
Plus de «International»

En cette fin d’année 2024, l’équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient a radicalement changé. Israël a bouleversé toutes les règles du jeu dans sa confrontation avec l’Iran, déclenchant une série d’événements qui ont fait voler en éclats la plupart des structures politiques habituelles.

Le gouvernement israélien s’est appuyé sur la supériorité de son armée, aguerrie par de nombreux conflits, et sur le soutien inconditionnel des pays occidentaux, pour imposer sa volonté.

Suite au 7 octobre 2023, Israël a répliqué en bombardant massivement la bande de Gaza et faisant de nombreux morts parmi les membres du Hamas, avant d’ouvrir un nouveau front contre le Hezbollah, allié de l’Iran. Ces actions ont conduit à un désarmement de fait de cette milice pro-iranienne.

Les terroristes du Hamas n’ont pas connu un sort plus clément. Leur objectif initial – replacer la question palestinienne au centre de l’agenda international et bloquer un rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite – semble désormais hors de portée.

Aujourd’hui, la création d’un Etat palestinien semble plus improbable que jamais. Au contraire, des politiciens israéliens évoquent ouvertement une annexion de la Cisjordanie. Pendant ce temps, des rapports indiquent que les négociations pour un accord de paix entre Israël et l’Arabie saoudite progressent.

La situation au nord d’Israël a des implications stratégiques encore plus profondes. Avec la défaite du Hezbollah à l’automne, la stratégie iranienne visant à utiliser le Liban comme base avancée contre Israël s’est effondrée. Peu après, en décembre, la chute du président syrien Bachar al-Assad a coupé les routes d’approvisionnement de l’Iran vers la Méditerranée.

La fuite d’Assad a temporairement mis fin aux ambitions de la Russie de jouer un rôle central au Moyen-Orient. Moscou cherche désormais à se repositionner en Libye, en Afrique du Nord, comme point stratégique sur la Méditerranée. Cependant, en Syrie, la Russie est pour le moment écartée du jeu.

Les Etats-Unis ne souhaitent pas combler ce vide: Donald Trump a déclaré qu’il ne voulait pas déclencher de nouveaux conflits au Moyen-Orient et qu’il envisageait un retrait progressif des Etats-Unis de la région. La première étape pourrait être le rappel des 2 000 soldats américains encore présents en Syrie. Pendant ce temps, Israël détruit les infrastructures syriennes et prévoit de doubler ses colonies illégales du Golan.

La Turquie sort son épingle du jeu

Si Trump met en œuvre ce qu’il a annoncé, les acteurs régionaux du Proche-Orient deviendront d'autant plus influents. La Syrie, malgré la libération du régime d'Assad et le retrait de la Russie et de l'Iran, restera dans un avenir proche un terrain de jeu pour ses voisins. Israël bombarde Damas et certaines installations militaires et annexe les zones frontalières syriennes.

La Turquie, qui occupe une partie du nord de la Syrie, mobilise des milices syriennes fidèles à Ankara contre les Kurdes syriens. Le président Recep Tayyip Erdoğan a plus d'influence sur les nouveaux dirigeants en Syrie que n'importe quel autre dirigeant étranger.

Durant la nouvelle année, il est donc possible de voir resurgir des tensions entre Turcs et Arabes rappelant la période du Printemps arabe de 2011. La Turquie soutient le groupe radical syrien HTS, proche des Frères musulmans, qualifiés d'organisation terroriste par certains pays arabes.

Une bombe nucléaire pour l'Iran?

Qu’en sera-t-il du grand perdant, l'Iran? Selon les estimations du gouvernement américain, le régime des mollahs, très affaibli, pourrait désormais tenter de construire le plus rapidement possible une bombe atomique afin de disposer de nouveaux moyens de pression en tant que puissance nucléaire. Les opposants à l'Iran en Israël et aux Etats-Unis demandent donc une attaque contre la République islamique afin de renverser le gouvernement.

De leur côté, l'Arabie saoudite et d'autres pays arabes sont soulagés de l'affaiblissement de l'Iran. En revanche, ils veulent éviter une domination de la Turquie et un retour des Frères musulmans. Au début de l'année 2025, le Proche-Orient sera donc très différent de ce qu'il était il y a un an, mais la région ne sera pas tranquille pour autant.

Traduit et adapté de l'allemand par Léon Dietrich

Après un sujet compliqué, voici des chats moches...
1 / 13
Après un sujet compliqué, voici des chats moches...
source: imgur
partager sur Facebookpartager sur X
On a goûté la raclette Dubaï et le chocolat Zurich
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Israël frappe un chef du Hezbollah alors que l'impasse persiste à Gaza
L'armée israélienne a annoncé mardi avoir tué Khodr Said Hachem, un chef de la force al-Radwan du Hezbollah, dans une frappe aérienne menée dans le sud du Liban, à Qana. Selon Tsahal, Hachem commandait l'unité navale de cette force d'élite et représentait une «menace pour l'Etat d'Israel», violant le cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre.

Le Hezbollah avait ouvert un front contre Israel le 8 octobre 2023, en soutien au Hamas, au lendemain de l'attaque meurtrière du mouvement islamiste palestinien sur le territoire israélien. La guerre a fait plus de 4000 morts au Liban et forcé plus d'un million de personnes à fuir, dont 100 000 sont toujours déplacées, selon l'ONU. Côté israélien, on compte 78 morts (30 civils et 48 soldats), ainsi que 56 soldats tués en territoire libanais depuis le début de l'offensive terrestre en septembre.

L’article