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Un grave danger menace le pétrole de l'Iran et d'Israël

L'Iran a un point faible et Israël le connaît

L'escalade entre l'Iran et Israël, soutenu par les Etats-Unis, continue. Les deux premiers se menacent mutuellement de la destruction prochaine de leurs capacités pétrolières. Israël pourrait-elle à terme viser des installations nucléaires?
10.10.2024, 06:14
Thomas Seibert, Istanbul / ch media
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De passage sur l'île de Kharg dans le golfe Persique, le ministre iranien du Pétrole Mohsen Paknejad a assuré que sa visite était une simple routine.

«Nous n'avons pas peur de nos ennemis»

Pourtant, le gouvernement iranien se prépare à ce que l'armée de l'air israélienne bombarde prochainement l'île.

L'Iran expédie 90% de ses exportations de pétrole par le port de Kharg et d'importantes réserves sont stockées dans des réservoirs sur l'île. De nombreux pétroliers ont été retirés des mouillages proches de l'île ces derniers jours afin de les mettre en sécurité.

Un stock de pétrole à Kharg en Iran
Kharg est une île du golfe Persique, y est stocké et en est expédié de grosses quantités de pétrole.Image: www.imago-images.de

L'industrie pétrolière iranienne est la cible la plus probable des prochaines attaques israéliennes contre la République islamique, selon des déclarations de politiciens et des rapports de médias. Israël a annoncé travailler avec les Etats-Unis pour attaquer l'Iran, suite aux représailles iraniennes des assassinats menés par Israël.

Le président américain Joe Biden a laissé entendre qu'il pourrait y avoir des attaques contre l'industrie pétrolière iranienne. Lorsque le prix mondial du pétrole a ensuite grimpé de 5%, Biden a souligné qu'il déconseillait à Israël de lancer des attaques militaires contre les installations pétrolières de l'Iran.

L'Iran exporte chaque jour environ trois millions de barils de pétrole (159 litres chacun) et produit ainsi 3% des besoins mondiaux. En raison des sanctions occidentales contre le programme nucléaire iranien, Téhéran doit vendre son pétrole à bas prix; son principal client est la Chine.

Malgré les prix bas, le pétrole est de loin le principal produit d'exportation de l'économie iranienne. Le pays possède les quatrièmes plus grandes réserves de pétrole au monde et, en outre, d'énormes quantités de gaz naturel. Ces réserves ne sont pas seulement importantes pour l'exportation: la République islamique tire son électricité à plus de 90% du pétrole et du gaz.

Graves conséquences pour l'économie

Si des attaques aériennes devaient mettre hors service le port de Kharg, les installations de production de pétrole et de gaz ainsi que les raffineries, l'économie iranienne en serait durement touchée. Même avec les exportations actuelles de pétrole, le pays n'atteint que trois pour cent de croissance par an, ce qui est trop peu pour vaincre la pauvreté et le chômage.

En revanche, une attaque aurait un effet limité sur l'économie mondiale, car d'autres fournisseurs de pétrole ont suffisamment de capacités pour compenser un arrêt de la production iranienne.

Les dirigeants iraniens tentent de dissuader Israël de lancer des attaques contre l'industrie pétrolière. Le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghci a déclaré mardi que toute attaque israélienne contre l'infrastructure iranienne entraînerait une «réponse encore plus forte». Les Iraniens sauraient déjà sur quelles cibles en Israël ils tireraient alors.

Le ministre n'a pas donné de détails, mais les secteurs du pétrole et du gaz seraient probablement aussi visés en Israël. En Iran, on discute de frappes de missiles sur les raffineries de pétrole et les installations de production de gaz israéliennes, écrit sur X l'expert iranien Sinan Toossi du think tank américain Center for International Policy. Des secteurs importants de l'économie israélienne pourraient ainsi être paralysés.

L'Iran menace en outre de riposter de manière «non conventionnelle», comme l'a annoncé la chaîne qatarie Al-Jazeera. Dans un message adressé au gouvernement américain et transmis par le Qatar, les dirigeants iraniens ont clairement indiqué que la «phase de retenue unilatérale» qui a prévalu jusqu'à présent était terminée. Téhéran ne veut certes pas la guerre, mais se défendra contre Israël.

Les attaques «non conventionnelles» pourraient être des attaques terroristes. L'Iran pourrait également tenter de fermer le détroit d'Ormuz, l'étroite voie navigable à la sortie du golfe Persique vers l'océan Indien. Les pétroliers transportent chaque jour environ 20 millions de barils de pétrole à travers ce goulet d'étranglement, soit un cinquième des besoins mondiaux. Un blocage du détroit d'Ormuz affecterait bien plus gravement l'économie mondiale que les attaques israéliennes contre l'industrie pétrolière iranienne et pourrait entraîner dans la guerre les Etats-Unis, qui ont déployé de puissantes forces navales dans la région.

Des attaques contre des installations nucléaires?

Des attaques israéliennes contre d'importantes installations nucléaires en Iran sont actuellement peu probables, car les Etats-Unis ont clairement fait savoir qu'ils ne les aideraient pas en cela. Israël ne dispose pas de bombes perforantes, nécessaires pour détruire les installations nucléaires souterraines particulièrement bien protégées de l'Iran, a annoncé le New York Times. Il semblerait donc qu'Israël ne puisse pas attaquer de cibles nucléaires dans un premier temps.

Il n'est toutefois pas certain que cette renonciation soit maintenue, a rapporté la chaîne américaine CNN en se référant au département d'Etat américain: Israël n'a rien promis.

Traduit et adapté par Chiara Lecca

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