Ce n'est pas la première fois que Claudine Gay et son établissement sont au centre d'une controverse: le conflit entre Israël et le Hamas déchaîne les passions dans plusieurs des universités les plus renommées des Etats-Unis, et Harvard en particulier a été sommée par des donateurs de condamner clairement des groupes d'étudiants pro-palestiniens.
Mardi, Claudine Gay et deux autres présidentes d'université ont été auditionnées à ce sujet par une commission parlementaire dont l'objectif affiché était de leur «faire rendre des comptes» après «d'innombrables manifestations antisémites».
Harvard President Claudine Gay Says Students Calling for Mass Violence and Genocide of Jewish People is Not Against the University’s Code of Conductpic.twitter.com/TwUA4dSSOc
— Chief Nerd (@TheChiefNerd) December 5, 2023
L'élue républicaine Elise Stefanik a assimilé les appels de la part de certains étudiants à l'«intifada» - terme arabe signifiant «soulèvement» et renvoyant notamment à la première révolte palestinienne de 1987 contre l'occupant israélien - à une exhortation à un «génocide contre les juifs en Israël et dans le monde».
«Appeler au génocide des Juifs est-il contraire à votre code de conduite et vos règles contre le harcèlement?», a demandé à plusieurs reprises Elise Stefanik à Claudine Gay, ainsi qu'aux deux autres présidentes des universités de Pennsylvanie et du MIT. Elle a exigé des trois qu'elles disent si ce type de propos était contraire au code de conduite de leur établissement respectif, qui sont toutes trois restées évasives.
«Nous souscrivons à un engagement en faveur de la liberté d'expression, même d'opinions répréhensibles, insultantes, haineuses», a répondu Claudine Gay.
Un argumentaire qui n'a pas été du goût de Mme Stefanik, qui a réclamé que Mme Gay démissionne «immédiatement». Yad Vashem, le mémorial de la Shoah en Israël, s'est dit de son côté «consterné que des dirigeants d'institutions académiques d'élite utilisent une contextualisation trompeuse pour minimiser et excuser les appels au génocide des juifs».
«Toute université, institution ou société qui peut 'contextualiser' et excuser des appels au génocide est vouée à l'échec», a déclaré son président Dani Dayan dans un communiqué. Le sénateur républicain Ted Cruz a lui estimé sur X que la réponse de la présidente de Harvard était «honteuse», tandis que le professeur de droit Laurence Tribe a regretté «les réponses hésitantes, stéréotypées et bizarrement évasives de Claudine Gay».
L'éditorialiste et chercheur Shadi Hamid a lui aussi jugé la réponse de Mme Gay «gênante», mais «parce qu'elle a accepté le postulat de Stefanik selon lequel dire 'intifada' équivaut à appeler au génocide, ce qui est ridicule». Mme Gay a été contrainte mercredi de préciser ses propos dans un court communiqué.
Ces appels «n'ont pas leur place à Harvard et ceux qui menacent nos étudiants juifs devront rendre des comptes», a-t-elle affirmé. (ats)