Une bombe parmi d'autres. Sauf que celle-ci n'a pas été armée pour tuer, mais dans le but de déporter en masse. Le 13 octobre dernier, le ministère du Renseignement a laissé s'échapper un secret d'Etat. Un ministère qui est plus volontiers un organisme de conseil stratégique pour le pouvoir et l'armée, qu'un véritable ministère, et fonctionnant un peu comme le Bureau du directeur du renseignement national aux Etats-Unis.
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Cette bombe, dévoilée lundi, n'est autre qu'un rapport de dix pages, dans lequel trois options sont glissées sous le nez de Benjamin Netanyahou, dans le but de «régler» le problème de la bande de Gaza.
Et la piste privilégiée fait froid dans le dos.
Ce sont des journalistes israélo-palestiniens, travaillant pour les médias indépendants Local Call et +972, qui ont dévoilé le document à large échelle, lundi. Même si le plan circulait déjà en haut lieu, dans des groupes WhatsApp ou Telegram, la semaine dernière. Dix pages dont l'authenticité a été confirmée par le ministère en question et qui décortiquent un triolet de solutions dégainé quelques jours seulement après l'attaque terroriste du Hamas.
Dans le lot, deux options seront très vite abandonnées, car «beaucoup trop risquées pour Israël».
Afin de «préserver la sécurité d'Israël» à la fin du conflit, le ministère recommande donc au gouvernement de transférer sur le champ, et de force, la totalité de la population de Gaza (qui compte encore plus de 2 millions d'habitants) vers la péninsule du Sinaï, en Egypte. D'abord sous des tentes érigées dans des campements éphémères, avant «la construction de villes permanentes».
L'audit conseille de présenter cette solution comme un «projet humanitaire». Pour «minimiser les pertes», mais surtout draguer les pays arabes et occidentaux «afin qu'ils appuient et soutiennent la démarche». Une démarche qui, en réalité, équivaut à ordonner un nettoyage ethnique et commettre un crime contre l'humanité.
Lundi soir, contraint de réagir à cette fuite quelque peu embarrassante, le premier ministre a botté en touche, mais confirme (du coup) l'existence du document.
Le premier ministre n'a pas tout à fait tort. L'influence de ce ministère est qualifiée de «faible», notamment par les deux médias qui ont révélé l'existence du document.
Mais le fait qu'un organisme officiel israélien planche concrètement sur la déportation de la totalité des Gazaouis inquiète les responsables palestiniens: «Nous sommes contre tout transfert vers n’importe quel endroit, sous quelque forme que ce soit, et nous considérons qu’il s’agit d’une ligne rouge que nous ne permettrons pas qu’elle soit franchie», a déclaré mardi le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, aux journalistes de l'agence AP.
L'Egypte, qui n'a pas spécifiquement réagi au rapport, refuse toujours d'accueillir des réfugiés en provenance de Gaza.
(fv)