Le Jihad islamique palestinien dans la bande de Gaza et Israël ont poursuivi tôt samedi leurs échanges de tirs, pire flambée de violence entre les deux ennemis depuis une guerre éclair l'an dernier.
A 8h30 heure locale (7h30 en Suisse), tandis que les alertes aux roquettes continuaient de retentir dans des localités israéliennes adjacentes au territoire palestinien sous blocus, la ville de Gaza était comme paralysée, les rues désertées et les magasins fermés.
L'armée israélienne a déclaré samedi se préparer à mener des raids durant «une semaine» dans la bande de Gaza, où elle multiplie les frappes contre l'organisation armée Jihad islamique.
Un porte-parole militaire a indiqué que l'armée «se préparait à une opération d'une semaine» et qu'elle «ne mène pas actuellement de négociations en vue d'un cessez-le-feu», après des informations selon lesquelles l'Egypte s'efforce d'établir une médiation pour apaiser la situation dans l'enclave palestinienne où les échanges de tirs se poursuivent.
L'armée israélienne a continué jusqu'à l'aube ses frappes à travers l'enclave, qui ont visé des sites appartenant au Jihad islamique, notamment de fabrication d'armes, d'après elle. Quinze combattants ont été tués dans ces raids ayant commencé vendredi après-midi, a estimé l'armée, tandis que les autorités de Gaza ont fait état de 10 morts, dont une fillette de cinq ans, et de 79 blessés.
Les tirs en provenance de Gaza se sont également poursuivis, sans faire de victime ni dégât, d'après l'armée.
La branche armée du Jihad islamique, les brigades Al-Qods, avaient affirmé vendredi après une salve de plus de 100 roquettes vers le sol israélien qu'il ne s'agissait que d'une «première réponse» à l'assassinat d'un de ses chefs dans une frappe israélienne.
Dans la nuit, les forces israéliennes ont également arrêté en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par l'Etat hébreu, 19 membres du Jihad islamique, organisation islamiste considérée comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne (UE).
C'est l'arrestation, en début de semaine, d'un chef du groupe en Cisjordanie occupée qui a mené à cette nouvelle confrontation armée. Les autorités israéliennes ont dit craindre des actions en représailles en provenance de Gaza, micro-territoire gouverné par le mouvement islamiste Hamas et où le Jihad islamique est bien implanté, et ont lancé une «attaque préventive».
Il s'agit de la pire confrontation entre l'Etat hébreu et des organisations armées de Gaza depuis la guerre de 11 jours en mai 2021, qui avait fait 260 morts côté palestinien, parmi lesquels des combattants, et 14 morts en Israël, incluant un soldat, d'après les autorités locales.
L'Egypte, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés de Gaza, s'efforce d'établir une médiation et pourrait accueillir une délégation du Jihad islamique ce samedi, ont indiqué des responsables égyptiens à Gaza. La diplomatie égyptienne avait auparavant indiqué mener des discussions «sans relâche afin de calmer la situation et préserver les vies et les biens».
Après les premiers raids, le Jihad islamique a accusé l'Etat hébreu d'avoir «déclenché une guerre».
«L'ennemi sioniste a commencé cette agression et doit s'attendre à ce que nous nous battions sans relâche», a déclaré son secrétaire général, Ziad al-Nakhala, dans un entretien avec la télévision libanaise Al-Mayadeen, à Téhéran, la capitale iranienne.
.
«Nous ferons tout ce qu'il faut pour défendre notre peuple», a assuré Yaïr Lapid, premier ministre israélien, lors d'une apparition à la télévision.
La Ligue arabe a dénoncé samedi dans un communiqué «la féroce agression israélienne», tandis que la diplomatie jordanienne a «souligné l'importance de mettre fin» à cette «agression».
Le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, a affirmé samedi que les Palestiniens n'étaient «pas seuls» dans leur lutte contre Israël, qui frappe pour la deuxième journée consécutive la bande de Gaza.
«Nous sommes avec vous jusqu'au bout sur cette voie, et faites savoir à la Palestine et aux Palestiniens qu'ils ne sont pas seuls», a-t-il dit au secrétaire général du Jihad islamique, Ziad al-Nakhala, en visite en Iran, principal soutien du mouvement.
Selon le général Salami, la «puissance de la résistance palestinienne» est plus développée qu'avant et les formations armées ont désormais la capacité de «mener des guerres de grande ampleur».
Samedi, le président iranien Ebrahim Raïssi a déclaré dans un communiqué qu'Israël avait «de nouveau montré au monde sa nature d'occupant et d'agresseur».
En 2019, la mort d'un commandant du Jihad islamique dans une opération israélienne avait donné lieu à plusieurs jours d'échanges de tirs meurtriers entre le groupe armé et Israël. Le Hamas, qui a combattu l'Etat hébreu lors de quatre guerres depuis sa prise du pouvoir en 2007, s'était lui tenu à distance des affrontements.
Israël impose depuis 2007 un strict blocus à Gaza, enclave de 2,3 millions d'habitants minée par la pauvreté et le chômage.
Ces derniers jours, Israël avait déployé des renforts à proximité de l'enclave et avait ordonné mardi la fermeture des passages frontaliers, contraignant des milliers de Gazaouis, titulaires de permis de travail en Israël, à rester chez eux. Cette fermeture a ralenti la livraison de diesel, nécessaire pour alimenter la centrale électrique de Gaza.
Cette unique centrale risque de cesser de fonctionner en raison d'un manque de carburant, a alerté jeudi son directeur.
Environ 50 personnes quittant normalement quotidiennement l'enclave pour des soins ont également été affectées, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). (ats/myrt)