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Japon: attentat raté contre le Premier ministre Kishida

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Encore un attentat contre un politicien au Japon

Samedi, un attentat raté contre le Premier ministre Fumio Kishida a ébranlé le Japon, neuf mois à peine après l'assassinat de l'ex-premier ministre Shinzo Abe. Le pays du Soleil levant doit-il craindre une recrudescence de violence?
17.04.2023, 17:1417.04.2023, 17:42
Felix Lill, Tokyo / ch media
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C'est une phrase que les Japonais demandent souvent à leurs proches lorsqu'ils apprennent qu'ils préparent un voyage à l'étranger:

«Est-ce que c'est sûr?»

Il faut dire que, dans ce pays d'extrême-orient, cette crainte a une raison bien particulière: le Japon ne connaît que très peu la criminalité. Le taux de crimes y est faible, les vols rares, les policiers davantage protecteurs qu'intimidants, et les manifestations se déroulent généralement de manière pacifique.

Bon... il y a quand même quelques barjos au Japon 👇

Au Japon, le calme plat qui règne dans le pays va de pair avec une certaine fierté patriotique: c'est une nation sûre. Aussi, lorsque samedi dernier, le premier ministre Fumio Kishida a été victime d'un attentat alors qu'il s'exprimait lors d'un meeting de campagne en vue d'élections locales, le pays s'est posé quelques questions.

D'autant que, neuf mois plus tôt, c'était l'ex-premier ministre Shinzo Abe qui était assassiné par une arme à feu artisanale. Un évènement qui avait choqué tout le pays ainsi qu'à l'étranger.

Sauvé par son garde du corps

Pour autant, Fumio Kishida a survécu à l'attentat, sauvé par un de ses gardes du corps. Celui-ci, très réactif, a vu la bombe artisanale rouler au sol et l'a repoussée, avant de déployer une valise de protection (un outil utilisé par les gardes du corps) contre le premier ministre. Jugez par vous-même:

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Quelques secondes plus tard, l'objet explose, heureusement sans faire de victimes. Il s'agissait en fait d'une bombe fumigène, qui a tout de même sauté — mais pas avec la même force qu'un autre objet explosif. Pour autant, le geste du garde du corps est remarquable.

La bombe fumigène artisanale en question.
La bombe fumigène artisanale en question.

Le premier ministre est réapparu l'après-midi même dans d'autres endroits de la préfecture occidentale de Wakayama. «Une élection importante nous attend!», a-t-il lancé. Si l'homme politique a profité de l'incident pour démontrer une certaine assurance, celle-ci a provoqué la panique au sein de la foule — et dans les rangs de la population.

Cas isolé ou tendance?

Cet incident rappelle le triste mois de juillet de l'année dernière, lorsque l'ex-premier ministre Shinzo Abe a été assassiné en plein meeting de campagne. L'auteur du crime est le fils d'une femme ayant été ruinée financièrement par une secte, qui était en contact avec Abe. Sur le plan politique, l'affaire a fait des remous et provoqué la démission de politiciens liés à cette mouvance.

Pourtant, en termes de sécurité publique, l'attentat avait été considéré comme un cas isolé. Désormais et après l'attentat contre Kishida, ce qui était un cas isolé devient une tendance. Le politicien d'opposition libéral Kenta Izumi a lancé un avertissement:

«La politique ne doit pas être sous la menace de la violence ou de l'intimidation»
Kenta Izumi

Isao Itabashi, expert antiterroriste du think tank Nihon Sousei Kaigi, a quant à lui appelé à «repenser la sécurité des événements électoraux».

Un couteau et une deuxième bombe sur lui

Entre-temps, comme l'été dernier après l'attentat contre Shinzo Abe, les spéculations vont bon train sur l'auteur de l'attentat. La police a perquisitionné dimanche l'appartement du jeune homme de 24 ans ayant été arrêté la veille, juste après avoir lancé l'explosif artisanal.

Et il était dangereux. Car bien que la bombe fumigène se serait montrée trop peu puissante pour tuer Kishida, l'homme portait une autre bombe sur lui, ainsi qu'un couteau. Des cartons pouvant contenir des explosifs ont ensuite été saisis à son domicile. Les motifs du crime ne sont pas encore clairs.

La question se pose désormais de savoir si l'attentat d'Abe de juillet 2022 a rendu légitime, pour certaines personnes, la violence comme une expression de mécontentement. Dans un pays où la considération et l'empathie sont valorisées comme les valeurs suprêmes de la cohabitation sociale et où le mot «wa» — un terme désignant l'harmonie — est en même temps synonyme du Japon dans son ensemble, de telles problématiques sont particulièrement déstabilisantes.

(Traduit et adapté par Pauline Langel)

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