Une application de chat interne à l'entreprise, c'est déjà pas la fête, mais quand on vous interdit d'écrire certains mots qui pourraient froisser la direction, ça peut devenir un véritable calvaire. Le géant Amazon, jamais en retard lorsqu'il s'agit de malmener sa base, en serait (déjà) là.
Selon une enquête exclusive parue dans le média d'investigation The Intercept, la machine à cash de Jeff Bezos plancherait sur un nouvel outil de messagerie dans lequel des termes seront purement et simplement censurés par l'algorithme interne. Dans le viseur des rois du shipping (trop?) facile, des mots-clés associés, pour la plupart, au monde impitoyable des syndicats.
Ces derniers étant évidemment les ennemis numéro un d'Amazon, tant la firme enchaîne les controverses, il paraît peu étonnant que tout soit entrepris pour que le Conseil d'administration puisse passer des week-ends presque paisibles.
Raté. Le journaliste Ken Klippenstein, bête noire de Bezos quand il s'agit de révéler des trucs un peu gênants, a eu accès à des documents internes et des extraits de meeting un brin gênants.
Banned words on the new #amazon chat app for workers
— Yoda ₿ (@yoda_labs) April 6, 2022
you can’t say things like restroom, living wage, fire, unfair, compensation or slave labor
seems like a fun app pic.twitter.com/t0jNKRSR9e
Selon le responsable des activités grand public d'Amazon, l'objectif principal de cette messagerie, appelée «Shout-Outs», sera «de réduire l'attrition des employés en favorisant le bonheur des travailleurs». Rien que ça. Si des premiers tests seront réalisés à la fin du mois d'avril, le filtre à mots-clés risque bien avant de faire frémir le personnel et... ce fameux «côté obscur des réseaux sociaux».
En plus des traditionnelles grossièretés ou insultes, l'entreprise a donc eu l'idée d'agrandir cette liste noire pour la rendre plus... enfin moins....
Et...
Toilettes? Vraiment? Oui, souvenez-vous, en 2021, une énième polémique avait contraint Amazon à s'excuser publiquement: certains salariés devaient uriner dans des bouteilles en PET pour maintenir la cadence infernale des livraisons.
L'entreprise a répondu à The Intercept, en début de semaine, par l'intermédiaire de sa porte-parole Barbara M. Agrait. «Nos équipes réfléchissent toujours à de nouvelles façons d'aider les employés à s'engager les uns avec les autres.» En tentant d'éteindre le feu: