Ce mardi 4 juin, Joe Biden a donné un coup de barre à droite à la politique d'immigration des Etats-Unis, annonçant de nouvelles mesures drastiques censées permettre de «reprendre le contrôle» de la frontière avec le Mexique. Des mesures décriées par ses adversaires républicains comme étant «de la poudre aux yeux», et contestées à gauche.
Le président démocrate, 81 ans, a signé un décret qui empêchera les migrants entrés illégalement sur le territoire américain de bénéficier du droit d'asile lorsque leur nombre dépasse les 2500 par jour, ce qui est actuellement le cas. Une décision qui intervient au surlendemain de l'élection au Mexique de Claudia Sheinbaum, la première femme à la tête du pays, saluée par Washington.
Le texte, qui entre en vigueur ce mercredi, facilite aussi les expulsions vers le Mexique, à quelques rares exceptions près.
Ces mesures «nous aideront à reprendre le contrôle de nos frontières et à rétablir l'ordre dans le processus» de demande d'asile, a déclaré le président Biden lors d'une allocution, ajoutant qu'elles respectaient «les responsabilités qui nous incombent en vertu du droit international».
Il a une nouvelle fois accusé ses adversaires républicains de bloquer toute réforme migratoire, en pleine campagne électorale avant l'élection de novembre où il sera opposé à Donald Trump.
Il s'agit d'une politique d'immigration parmi les plus restrictives jamais adoptées par un président démocrate, alors que tous les sondages montrent que le sujet pèse lourd sur les chances de réélection en novembre.
Son adversaire républicain a balayé ces annonces, répétant que le président américain a selon lui «complètement abandonné (la) frontière sud».
L'ex-président martèle que les migrants clandestins sont à l'origine d'une vague de criminalité aux Etats-Unis. Or, ni les statistiques policières disponibles dans les grandes villes, ni les études ne démontrent la réalité d'un tel phénomène.
Malgré tout, Joe Biden adopte une stratégie risquée avec ce durcissement, prenant le risque de susciter la colère de l'aile gauche de son parti.
Le décret est basé sur une loi préalablement utilisée par l'administration Trump pour interdire l'entrée aux ressortissants de plusieurs pays musulmans.
A l'approche de la présidentielle, les républicains cherchent à faire de l'immigration le sujet central du débat, accusant son rival d'être responsable d'une «invasion».
En décembre, quelque 10 000 personnes, poussées par la pauvreté et la violence en Amérique latine, traversaient illégalement la frontière chaque jour. Ce nombre a depuis baissé, mais le sujet reste brûlant. (ats/jch)