Au moins 45 personnes sont mortes dans le centre du Kenya après qu'un barrage naturel a cédé sous l'effet des pluies diluviennes qui s'abattent sur le pays depuis plusieurs semaines.
Cette tragédie porte à plus de 120 morts le bilan d'une saison des pluies particulièrement meurtrières dans le pays, où le phénomène climatique El Niño amplifie les précipitations.
«Pour l'instant, 45 corps ont été retrouvés (...), l'équipe sur le terrain est débordée mais les recherches se poursuivent», a déclaré à l'AFP un officier supérieur de la police du comté de Nakuru.
Situé sur une colline, le barrage d'Old Kijabe, près de la ville de Mai Mahiu située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Nairobi, s'est formé naturellement au fil des décennies, après les travaux de construction d'une ligne de chemin de fer par les autorités coloniales britanniques.
Dans la nuit de dimanche à lundi, ses contreforts de terre ont cédé, déversant les eaux du lac de retenue adjacent sur les maisons et routes situées en contrebas. Un habitant, Stephen Njihia Njoroge, raconte:
Le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, a déclaré que le gouvernement avait ordonné aux autorités locales d'«inspecter tous les barrages et réservoirs d'eau publics et privés dans leurs juridictions dans les 24 heures» et d'identifier «les situations où des ordres d'évacuation obligatoire et de réinstallation temporaire doivent être émis».
Le ministre de l'Intérieur a également annoncé que les «comportements à risques» seraient sanctionnés, visant les automobilistes et piétons traversant inconsciemment les zones inondées ou «les personnes sans scrupules (...) qui mettent la population en danger en construisant et en utilisant des (embarcations) pour transporter des passagers bloqués contre de l'argent».
1. The Government is deeply concerned by the loss of life and destruction of public and private property resulting from the ongoing floods.
— Kithure Kindiki (@KindikiKithure) April 29, 2024
2. There are reports of continued risky behaviour by motorists and pedestrians, and casual treatment by members of the public of weather…
Dans le comté de Tana River (sud-est), la Croix-Rouge a annoncé avoir repêché deux corps sans vie et sauvé 23 personnes après le chavirage d'une embarcation. Des vidéos sur les réseaux sociaux montraient l'embarcation bondée en train de couler, ses passagers appelant à l'aide sous le regard de spectateurs impuissants.
Samedi, le gouvernement avait rapporté que 76 personnes avaient perdu la vie depuis le début de la saison des pluies en mars et que plus de 130 000 personnes avaient été déplacées.
La rentrée prévue lundi, après trois semaines de vacances, a été reportée d'une semaine, annoncé le ministre de l'Education, Ezekiel Machogu. Il a déclaré, dans un communiqué:
Dans plusieurs pays d'Afrique de l'Est, les pluies saisonnières se combinent cette année au phénomène climatique El Niño, qui a débuté mi-2023 et pourrait durer jusqu'au mois de mai, avait prévenu le 5 mars l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Outre une augmentation des températures, El Niño provoque des sécheresses dans certaines parties du monde et de fortes pluies dans d'autres.
El Niño a souvent fait des ravages dans l'est de l'Afrique par le passé. En décembre, plus de 300 personnes avaient péri dans divers catastrophes causées par les fortes pluies au Kenya, en Somalie et en Ethiopie. En Somalie, plus d'un million de personnes avaient été déplacées.
D'octobre 1997 à janvier 1998, de gigantesques inondations nourries par les pluies torrentielles causées par El Niño avaient fait plus de 6000 morts dans cinq pays de la région. (jah/ats)