Après les violentes manifestations et les attaques contre les soldats de la paix de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (Otan), la dégringolade se trouve à nouveau dans le nord du Kosovo: le gouvernement de Pristina a partiellement fermé les frontières avec la Serbie voisine après que trois policiers kosovars ont été enlevés par les forces de sécurité serbes.
Les récits de ce qui s'est exactement passé divergent. Selon les Kosovars, les policiers auraient effectué des recherches sur les routes de contrebande. Les Serbes, en revanche, affirment avoir intercepté trois hommes lourdement armés qui préparaient une attaque terroriste. Le président Aleksander Vucic a parlé d'un «tournant» dans les relations. Il s'agit désormais de savoir si l'on peut continuer à avoir la paix ou non.
Depuis des mois déjà, les deux parties s'échauffent en se provoquant l’un et l’autre. Les observateurs craignent des explosions de violence. Au lieu d'exercer une influence modératrice sur les deux parties, l'Union européenne (UE) semble avoir décidé de désigner un coupable principal: le premier ministre kosovar Albin Kurti. Un porte-parole de l'UE a clairement déclaré que le gouvernement de ce dernier avait «échoué» à apaiser les tensions.
Comme Kurti ne fait rien aux yeux de l'UE, Bruxelles réagit même désormais par des mesures punitives: des rencontres importantes avec le gouvernement de Pristina sont annulées et les aides financières sont suspendues. D'autres mesures pourraient suivre.
Le fait que l'UE inflige des sanctions au Kosovo est une décision sans précédent. Après tout, elle se considère, avec les Etats-Unis, comme la véritable puissance protectrice de l'Etat indépendant depuis 2008. Mais depuis quelque temps, les relations se sont assombries. Avec les Etats-Unis également, les relations sont au plus bas. Fin mai, le ministre des Affaires étrangères Antony Blinken a publiquement cloué Kurti au pilori, l'accusant d'être à l'origine de cette spirale de violences.
La raison de la discorde est la décision de Kurti de faire passer les élections municipales dans le nord dominé par les Serbes, bien qu'elles aient été boycottées par la population locale. Pour installer les maires d'origine albanaise, considérés comme illégitimes, Kurti a envoyé des policiers spéciaux, ce qui a provoqué les violentes protestations de la population serbe.
Pour Kurti, qui a besoin du soutien de l'Occident, la situation devient inconfortable. Bruxelles et Washington se rangent de plus en plus clairement aux côtés du président serbe Alexander Vucic. Ce dernier gouverne de manière de plus en plus autocratique et mène une politique très controversée.
Il est notamment accusé d'avoir orchestré de manière ciblée les troubles violents dans le nord du Kosovo. Parallèlement, il a dressé un décor de menaces et a fait défiler son armée aux frontières du Kosovo. Il y a quelques jours, une vidéo montrant Vucic et son père adoptif, Vojislav Seselj, lors d'un mariage à Belgrade, a provoqué l'indignation dans les médias sociaux. L'ultranationaliste serbe Seselj est un criminel de guerre condamné à dix ans de prison par le Tribunal pénal de La Haye.
(aargauerzeitung.ch)