Une affaire embarrassante pour le président Emmanuel Macron qui a promis la «tolérance zéro» en matière de violences faites aux femmes. Elle touche un exécutif à peine nommé vendredi dernier, et qui doit, en plus, se mettre en ordre de marche en vue des élections législatives des 12 et 19 juin.
Le tout nouveau ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées est accusé par deux femmes de viols en 2010 et 2011. Des allégations qu'il récuse fermement: «Je n'ai jamais violé une seule femme de ma vie», a-t-il déclaré lundi soir à la presse, disant «contester ces accusations d'agressions sexuelles avec une grande fermeté».
Transfuge de l'opposition de droite, Damien Abad était, jusqu'à la semaine dernière, le responsable des députés du parti Les Républicains à l'Assemblée nationale. Il venait tout juste de démissionner pour faire son entrée au gouvernement.
Le ministre, lui-même handicapé, a encore écarté toute idée de démission. «Un homme innocent doit-il démissionner? Je crois pas». Deux plaintes pour viol ont déjà été classées, mais la justice dit analyser un nouveau signalement.
Des appels à la démission se sont déjà faits entendre du côté de l'opposition de gauche. Mais pour l'instant, le gouvernement attend les conclusions de la justice sur cette affaire embarrassante. La ligne du président est qu'il revient à la justice d'établir la «vérité» et «la justice est la seule à devoir et à pouvoir trancher», a indiqué la nouvelle porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire.
Elle a toutefois fait valoir la politique de «tolérance zéro pour les délinquants sexuels» du président Macron. Le gouvernement est «aux côtés de celles qui, suite à une agression ou un harcèlement, ont l'immense courage de parler», a-t-elle indiqué.
La porte-parole a conclu que Damien Abad s'est entretenu avec la nouvelle première ministre Elisabeth Borne, dimanche soir. L'intéressé a déclaré n'avoir appris ces allégations que samedi, dans un article du média en ligne Mediapart, qui a révélé l'affaire.
Une chose est sûre: celle-ci tombe au plus mal pour le tout nouveau gouvernement, à moins de trois semaines des législatives. Emmanuel Macron espère toujours voir son parti, Renaissance, et ses alliés centristes rafler la majorité absolue dans la nouvelle Assemblée.
Le sort de ce nouveau gouvernement est suspendu au résultat du scrutin. S'il est battu, la moitié de ses membres (dont la première ministre) devront faire leurs bagages et démissionner. (mbr/ats)