La première ministre Elisabeth Borne a présenté mardi sa démission au président.
Présenter sa démission est de tradition pour un nouveau premier ministre après les législatives. Cette démarche revient généralement à une nouvelle légitimation du premier ministre, aussitôt renommé à son poste par le président. Elisabeth Borne demeurera donc au pouvoir «afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche et agir en ces jours», a annoncé la présidence.
De ce fait, la Première ministre a de fait réuni l'ensemble du gouvernement depuis 14h30. Même les trois ministres battues dans les urnes et appelées de ce fait à démissionner, étaient conviées. Tous sont arrivés sans dire un mot, souvent le visage fermé.
Les oppositions ont dénoncé le maintien à son poste d'Elisabeth Borne, preuve de «cécité» du président «à l'égard de la colère des Français, du désaveu qu'ils lui ont adressé», selon la députée LFI (gauche radicale) Clémentine Autain.
Le président français a consulté de son côté mardi et mercredi les chefs des partis de la majorité et de l'opposition «afin d'identifier les solutions constructives», selon son service de communication.
Le patron des Républicains (LR, droite), Christian Jacob, a été son premier invité. Sa formation refuse d'entrer dans «toute logique de pacte» même s'il ne sera «jamais» dans «le blocage des institutions», a-t-il affirmé après une heure de discussion.
Le socialiste Olivier Faure a ensuite expliqué à Emmanuel Macron que les troupes étaient «disposées» à «avancer» si le gouvernement prenait des mesures sur le pouvoir d'achat, principale préoccupation des Français, notamment une hausse du salaire minimum.
Emmanuel Macron s'est également entretenu avec la cheffe du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen. Cette dernière a rappelé que le RN revendiquait «la présidence de la Commission des finances» et la vice-présidence de l'Assemblée, réaffirmant que le groupe d'extrême droite entendait être «dans l'opposition», mais «pas dans l'obstruction systématique».
Le président français a aussi discuté avec Fabien Roussel, le patron du Parti communiste. Ce dernier a affirmé sur les ondes de LCI que le président français envisageait la constitution d'un «gouvernement d'union nationale», afin de trouver «les voies pour sortir de la situation politique» à l'Assemblée. Il a précisé qu'il a écarté l'idée d'y participer.
Mercredi, Macron doit s'entretenir avec:
Si la majorité des députés la votait, ce qui nécessiterait les voix des députés de gauche, droite et extrême droite, le gouvernement tomberait.
La France est entrée dans une période de grande instabilité politique. La coalition centriste libérale, qui s'est appuyée pendant le premier mandat de cinq ans de Macron sur une confortable majorité absolue (fixée à 289 députés), ne conserve que 245 sièges sur 577 à l'issue du scrutin.
Le reste de l'hémicycle se répartit principalement entre:
Cette configuration replace le Parlement au centre du jeu politique, une première depuis 1958 et l'instauration de la Ve République, avec son régime présidentiel. (mbr/ats)