Le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, a annoncé dimanche que son gouvernement allait prochainement abroger la loi criminalisant les relations sexuelles entre hommes. Cette loi date de l'époque coloniale britannique.
Le Premier ministre a précisé qu'il continuerait cependant à «défendre» le mariage comme l'union d'un homme et d'une femme.
L'article 377A du code pénal, vestige du régime colonial britannique, prévoit une peine maximale de deux ans d'emprisonnement pour les actes homosexuels.
Elle n'est pas appliquée dans les faits, mais pour les défenseurs des droits des homosexuels elle prive toujours les membres de la communauté gay de leurs droits, malgré la culture de plus en plus moderne de la cité-État. Le Premier ministre a estimé que la situation avait changé.
Les homosexuels «sont aujourd'hui bien plus acceptés» à Singapour, surtout parmi les jeunes, a-t-il souligné. «Il est opportun de nous poser à nouveau cette importante question: le sexe en privé entre deux hommes devrait-il être considéré comme un délit?»
Les associations de défense des droits des homosexuels ont salué cette annonce:
Plusieurs tentatives pour faire annuler ce texte avaient échoué ces dernières années, contrastant avec la situation des droits des homosexuels ailleurs en Asie, comme à Taïwan – le mariage homosexuel y est légalisé depuis 2019 – ou en Inde, qui a décriminalisé le sexe entre hommes en 2018.
En février, la Cour suprême de Singapour avait statué que la loi serait maintenue en raison de son «poids symbolique», mais avec le principe qu'elle «ne serait pas appliquée de manière proactive».
Le pourcentage de personnes qui soutiennent l'interdiction des relations homosexuelles a diminué de 55% en 2018 à 44% en 2022, selon une enquête réalisée en juin par l'institut Ipsos.
Pour autant, Lee Hsien Loong a souligné qu'il ne souhaitait pas modifier la loi prévoyant que le mariage civil ne consacre que l'union d'un homme et d'une femme.
Le gouvernement va ainsi amender la constitution pour protéger la conception du mariage telle qu'elle est actuellement définie par la loi.
Une coalition d'églises protestantes avait fait part, avant le discours du Premier ministre, de son inquiétude face à une éventuelle abrogation de la loi, «un important repère moral et social» face à «un activisme LGBT intolérant et agressif qui cherche à imposer son idéologie sur la société singapourienne». (ats/jch)