Pas de nouvelles, bonnes nouvelles: face à une actualité jugée anxiogène et déprimante, une grosse partie du public choisit d'éviter les informations, selon une étude publiée mercredi. Pour se justifier, les sondés se disent rebutés par leur caractère répétitif.
«Ces résultats représentent un vrai défi pour les industries de l'information: les sujets que les journalistes considèrent comme les plus importants - crises politiques, conflits internationaux ou pandémies - semblent être précisément ceux qui agissent comme un repoussoir sur certaines personnes», commente l'auteur principal de cette étude réalisée par l'institut Reuters, Nic Newman.
Ce rapport annuel sur l'information numérique est fondé sur des sondages en ligne menés par la société YouGov auprès de 93 000 personnes dans 46 pays.
Au total, près de quatre sondés sur dix (38%) ont indiqué qu'il leur arrivait d'éviter délibérément les informations, contre seulement 29% en 2017. En cinq ans, cette proportion a doublé au Brésil (54%) et au Royaume-Uni (46%). En France, elle se monte à 36% (contre 33% en 2019 et 29% en 2017).
Cette volonté d'éviter ou au moins de trier les informations est moins élevée dans deux pays d'Europe du Nord, la Finlande et le Danemark (20%), et au Japon (14%).
Pour se justifier, près de la moitié (43%) des sondés qui évitent les informations se disent rebutés par leur caractère répétitif, en particulier le Covid-19 et la politique. Plus d'un tiers (36%) assure qu'elles font baisser leur moral (c'est particulièrement vrai chez les moins de 35 ans, ainsi qu'au Royaume-Uni et aux Etats-Unis).
En outre, 17% des sondés qui évitent les informations disent que ces dernières peuvent les conduire à des disputes qu'ils préfèreraient éviter. Et chez 16%, elles font naître un sentiment d'impuissance.
Par ailleurs, 8% (parmi lesquels une forte proportion de jeunes) évitent les informations, car ils les jugent trop compliquées à comprendre. Enfin, 29% des gens qui évitent les informations estiment qu'elles sont biaisées et que l'on ne peut pas leur faire confiance.
De manière globale, l'édition 2022 du rapport montre une baisse de confiance dans les médias après une embellie l'an dernier (42% des sondés leur font confiance, contre 44% en 2021). La Finlande est le pays où cette confiance est la plus haute (69%), et les Etats-Unis et la Slovaquie ceux où elle est la plus basse (26%). (ats/afp)