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Découvrez les dernières confessions de vie de Navalny

Voici les dernières confessions de Navalny

L'autobiographie d'Alexeï Navalny, intitulée «Patriot», a été publiée ce mardi. Voici ce que racontent les mémoires du principal opposant à Poutine.
22.10.2024, 16:58
Ivan Ruslyannikov / ch media
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Lorsqu’on lit un livre, on ne commence généralement pas par la fin. Mais en ce qui concerne les mémoires d'Alexeï Navalny, il est conseillé d'attaquer en priorité l'épilogue. Celui-ci donne des frissons même à ceux qui ne s'intéressent pas au principal adversaire de Vladimir Poutine.

A la fin de son ouvrage «Patriote» se trouve un extrait du journal intime de Navalny du 22 mars 2022, date à laquelle un tribunal russe l'a condamné à neuf ans de prison. Un an et demi plus tard, il a écopé de 19 ans supplémentaires. Quelles étaient ses pensées à ce moment-là?

Navalny écrit qu'il a atteint le «zen carcéral». Une sorte de prise de conscience profonde: s'il devait un jour être libéré, ce serait dans les premiers mois suivants son arrestation. Si cela n'a pas été le cas, c'est qu'il est «complètement perdu dans un avenir prévisible». Peu à peu, il a pris conscience qu'il serait emprisonné à vie:

«Soit pour le reste de ma vie, soit jusqu'à la fin de la vie de ce régime»
L'autobiographie de l'opposant à Poutine, Alexeï Navalny, est un morceau de l'histoire russe contemporaine.
L'autobiographie de l'opposant à Poutine, Alexeï Navalny, est un morceau de l'histoire russe contemporaine.Image: ap

Pour s'accommoder d'une manière ou d'une autre à cette dure vérité, Navalny fermait les yeux la nuit, pratiquait l'acceptation et imaginait des choses horribles dans sa tête:

«Je passerai le reste de ma vie en prison et j'y mourrai. Il n'y aura personne à qui je pourrai dire au revoir. Ou alors, pendant que je suis encore en prison, des gens que je connais meurent à l'extérieur. Je ne verrai jamais mes petits-enfants. Je ne serai l'objet d'aucune légende familiale. Je serai absent de toutes les photos.»

Plus terrible que sa propre mort

Il a refusé de nourrir l’illusion que le régime de Poutine en Russie s’effondrerait dans un avenir proche: l’Union soviétique a survécu pendant plus de soixante-dix ans et l’autoritarisme en Corée du Nord perdure encore aujourd’hui.

Après avoir accepté l'idée de sa propre mort, Navalny nous rappelle qu'il existe des choses bien pires. Il nous incite à réfléchir à la guerre en Ukraine, aux civils morts à Marioupol et aux enfants orphelins.

Ces notes sont impressionnantes, car Navalny a connu une évolution intellectuelle au cours des dernières années. Et s'il n'avait pas peur de Poutine auparavant, il n'avait visiblement plus peur de rien à la fin de sa vie. Dès le début du livre, Navalny écrit, avec l'autodérision qui le caractérise, à propos de son empoisonnement:

«Alerte spoiler: je ne suis évidemment pas mort»

De toute évidence, il n'avait pas peur de la mort ou alors, il l'ignorait parce qu'elle l'empêchait de combattre efficacement le régime de Poutine.

Navalny derrière les barreaux devant un tribunal de Moscou : il ne devrait plus jamais être libéré.
Navalny derrière les barreaux devant un tribunal de Moscouimage: epa

Navalny admet qu'après avoir repris conscience à l'hôpital de la Charité en Allemagne en 2020, il n'était plus vraiment intéressé par la rencontre avec la mort. Ce qui l'obsédait, c'était son travail:

«Peu importe à quel point les détails de la tentative d'assassinat ratée étaient fascinants et captivants, j'étais bien plus intéressé par comment se sont déroulées les élections à Tomsk et Novossibirsk. Avons-nous publié nos recherches sur YouTube?»

Difficile d'aimer la Russie

Allongé dans la cellule disciplinaire, où il a passé au total plus de 300 jours, Navalny semblait encore en conversation avec la mort. Et Vladimir Poutine, qui l'a condamné à de telles souffrances, n'est pas le principal antagoniste du livre: le président russe n'a pas réussi à briser son adversaire politique. Seule la mort a arrêté Navalny.

Ce n'est qu'après cet épilogue qu'il est recommandé de lire le livre depuis le début afin de mieux connaître Navalny. Dans son autobiographie, il parle de son enfance en URSS et de son aversion pour «ce royaume des mensonges». Il donne son appréciation de l'initiateur de la perestroïka, Mikhaïl Gorbatchev, et du premier président de la Russie, Boris Eltsine, en décrivant ce dernier comme «un vieil alcoolique malade entouré d'une bande de voyous cyniques».

epa11674755 A memoir titled 'Patriot' by the late Russian opposition leader Alexei Navalny on display at a Waterstones bookstore, in London, Britain, 22 October 2024. Russian opposition lead ...
Keystone

Navalny raconte comment est né le mouvement de protestation anti-Poutine en Russie et comment lui est venue l'idée de communiquer avec son public via Internet, où il a ensuite publié ses recherches anti-corruption.
Le parcours de Navalny montre à quel point il est difficile d'aimer la Russie. Ce n'est pas un hasard si le livre s'intitule «Patriote». C'est exactement ce qu'était Navalny. Et maintenant, il est parti.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

Des drones russes traquent des civils en Ukraine

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