Le plus grand opposant à Poutine avait commencé son autobiographie en Allemagne en 2020, après avoir échappé à une tentative d'empoisonnement. Mais en 2021, Alexeï Navalny rentre en Russie et est immédiatement incarcéré.
Cela ne l'empêche pas de terminer son œuvre qui sera publiée le 22 octobre dans le monde entier. Après la mort de l'opposant dans une geôle de Poutine, le 16 février 2024, c'est sa femme Ioulia Navalnaïa qui a rassemblé les carnets, les posts Instagram et les messages transmis à ses avocats afin de mettre un point final à cette autobiographie.
Dans Patriote, Navalny livre, d'après les premiers extraits de ce qui ressemble à un journal de bord minutieusement daté, un constat saisissant sur les conditions de détention en Russie. Il y raconte notamment la torture dans sa «Shizo», la cellule d’isolement, l’équivalent du «mitard».
Ainsi, les mémoires posthumes de Navalny viennent décrire de l'intérieur la politique ultra-répressive de Poutine. La publication de plusieurs passages dans les colonnes du New Yorker, laissent entrevoir la vie au goulag. Malgré son enfermement, Navalny bénéficie d'un laps de temps entre 19 et 20h pour faire cracher le stylo sur un bout de papier: «un créneau qui figure sur l’emploi du temps sous la désignation "temps libre"», écrivait-il le 13 mars 2021.
Les bribes présentées par le magazine américain dévoilent un univers cauchemardesque où le travail commence à 6h40. Réveil à 6h du matin; 10 minutes de gymnastique puis petit-déjeuner de 6h20 à 6h40. A 10h20, il est l'heure du repas, durant 15 minutes, avant d'être posté quelques heures sous un portrait de Poutine. «On appelle ça: "activité disciplinaire"», relatait Navalny par Instagram à ses avocats.
Le Monde qui s'est également procuré des extraits relaie:
Et de nous imprégner de la difficulté de vivre (ou survivre) dans cette prison inhumaine:
Les passages relayés par les différents médias sont glaçants et montrent que Navalny était conscient de son enferment à vie. La perpétuité était le dernier chapitre de son existence. Il profitait de livrer une vision d'un milieu carcéral qui nourrissait un destin tragique, broyé par la politique de Poutine: «J’ai toujours su que je serais emprisonné à vie – c’est-à-dire jusqu’à la fin de ma vie, ou jusqu’à la fin de celle de ce régime», narrait-il le 9 janvier 2024.
Sa solitude aussi, poignante lorsqu'il laisse sa plume flirter avec ses sentiments profonds et ses pensées envers sa famille. Il écrivait le 26 mars 2022: «Les jours les plus terribles en prison sont les anniversaires des proches, en particulier des enfants».
Et de rappeler le 13 janvier 2023:
Le livre, qui sortira dans le monde entier le 22 octobre, intitulé Patriote, aura aussi une version en russe, selon l’éditeur américain Knopf. (svp)