«Merci au procureur, mais il fait passer les victimes du 7 Octobre au second plan»
La demande d’inculpation de Benyamin Netanyahou et de son ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité «a pris toute la lumière médiatique, en Israël comme ailleurs».
Yaël Vias Gvirsman le regrette. Cette avocate israélienne, qui représente plus de 250 victimes des massacres du 7 octobre, a pourtant obtenu une victoire. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, a également requis des mandats d’arrêt contre les trois principales figures du Hamas, Ismaël Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismaïl Haniyeh.
Yaël Vias Gvirsman, jointe par watson:
«Pour nous, c’est comme un coup de poing», ajoute l’avocate, spécialiste en droit pénal international. «C’est la première fois, note-t-elle, que le procureur de la CPI requiert contre un mouvement armé et des instances gouvernementales dans une même déclaration. On n’a jamais vu ça. Alors, pourquoi?»
L’avocate israélienne émet une hypothèse qui rejoint celle d'un universitaire suisse de confession juive, familier, lui aussi, des questions de justice internationale:
Notre interlocuteur poursuit la réflexion sur le fond: «Pour rester sur la problématique occidentale, je note que Karim Khan entend agir contre Israël, alors qu’il a jusqu'à présent épargné les Etats-Unis pour des crimes qui leur sont imputés en Afghanistan. Comme quoi, la justice internationale a une dimension politique.»
Pour cette habitante de Lausanne, de confession juive également, «les poursuites demandées par le procureur de la CPI contre Israël sont un bon exemple de double-standard au détriment de l’Etat hébreu». Pour rappel, Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant sont accusés par le magistrat des faits d'«affamer délibérément des civils», d'«homicide intentionnel» et d'«extermination et/ou de meurtre».
L’initiative prise par Karim Khan peut-elle avoir pour effet d'accélérer le départ de Benyamin Netanyahou du gouvernement, ce que réclament les opposants à son gouvernement allié à l’extrême droite religieuse? Un journaliste franco-israélien établi en Israël répond:
L’opposant Benny Gantz fait figure de solution de rechange. «Mais acceptera-t-il le plan américano-saoudien de sortie de crise, qui suppose des discussions en vue de la création d’un Etat palestinien en échange de la reconnaissance par Ryad de l’Etat d’Israël?», se demande le journaliste franco-israélien. Mystère... Pour l'instant, comme l'écrasante majorité des Israéliens, Benny Gantz rejette les accusations du procureur Karim Khan.
«Des signes avant-coureurs de guerre civile»
L’universitaire suisse cité plus haut s’interroge sur l’avenir immédiat d’Israël. Il est inquiet.