International
Netanyahou

«On donne une image démoniaque d'Israël»: des Juifs se confient

epa11347161 Indonesian muslim activists hold banner reading "Ceasefire now" and the picture of Israeli leader, Prime Minister Benjamin Netanyahu reading "wanted for genocide" as th ...
Des manifestants anti-israéliens. Djakarta, Indonésie, 17 mai 2024.Image: EPA

«Merci au procureur, mais il fait passer les victimes du 7 Octobre au second plan»

Des Israéliens et des juifs de Suisse réagissent à la demande du procureur de la CPI de poursuivre Benyamin Netanyahou pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, sachant que le magistrat souhaite aussi poursuivre le Hamas. Parmi les personnes jointes par watson, l'avocate Yaël Vias Gvirsman, qui représente plus de 250 victimes des massacres du 7 octobre.
22.05.2024, 18:4828.05.2024, 13:21
Plus de «International»

La demande d’inculpation de Benyamin Netanyahou et de son ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité «a pris toute la lumière médiatique, en Israël comme ailleurs».

Yaël Vias Gvirsman le regrette. Cette avocate israélienne, qui représente plus de 250 victimes des massacres du 7 octobre, a pourtant obtenu une victoire. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, a également requis des mandats d’arrêt contre les trois principales figures du Hamas, Ismaël Yahya Sinwar, Mohammed Deif et Ismaïl Haniyeh.

Yaël Vias Gvirsman, jointe par watson:

«C’est une bonne chose et je remercie le procureur, mais sa communication a eu pour conséquence de faire passer au second plan les victimes des attaques terroristes du 7 octobre»

«Pour nous, c’est comme un coup de poing», ajoute l’avocate, spécialiste en droit pénal international. «C’est la première fois, note-t-elle, que le procureur de la CPI requiert contre un mouvement armé et des instances gouvernementales dans une même déclaration. On n’a jamais vu ça. Alors, pourquoi?»

L’avocate israélienne émet une hypothèse qui rejoint celle d'un universitaire suisse de confession juive, familier, lui aussi, des questions de justice internationale:

«Qui, jusqu’ici, la CPI a-t-elle inculpé? Des Africains et Vladimir Poutine. Des Occidentaux? Jamais. Dans l’affaire, Israël passe pour un Etat occidental. D’où un sentiment de deux poids, deux mesures chez les ressortissants de ce qu’on appelle le Sud Global. Le procureur de la CPI s’est peut-être dit qu’en faisant d'une pierre deux coups, il ferait taire les critiques contre une institution, il faut le savoir, tenue à bout de bras par les Européens.»
Un universitaire suisse de confession juive

Notre interlocuteur poursuit la réflexion sur le fond: «Pour rester sur la problématique occidentale, je note que Karim Khan entend agir contre Israël, alors qu’il a jusqu'à présent épargné les Etats-Unis pour des crimes qui leur sont imputés en Afghanistan. Comme quoi, la justice internationale a une dimension politique.»

Pour cette habitante de Lausanne, de confession juive également, «les poursuites demandées par le procureur de la CPI contre Israël sont un bon exemple de double-standard au détriment de l’Etat hébreu». Pour rappel, Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant sont accusés par le magistrat des faits d'«affamer délibérément des civils», d'«homicide intentionnel» et d'«extermination et/ou de meurtre».

«Des dirigeants de pays non-démocratiques ont plus de morts sur la conscience que Netanyahou. C’est comme s’il fallait donner une image démoniaque d’Israël. Cela témoigne d’un antisémitisme sous-jacent»
Une habitante de Lausanne, de confession juive

L’initiative prise par Karim Khan peut-elle avoir pour effet d'accélérer le départ de Benyamin Netanyahou du gouvernement, ce que réclament les opposants à son gouvernement allié à l’extrême droite religieuse? Un journaliste franco-israélien établi en Israël répond:

«Cette question n’est pas vraiment d’actualité. Il n’y a pas d’énormes manifestations pour réclamer la démission de Netanyahou. La population israélienne est encore dans le trauma complet. Les combats se poursuivent dans Gaza. Le Hamas continue de balancer des roquettes hors du territoire gazaoui. Les gens reviennent tout doucement dans des petites localités relativement proches de l’enclave palestinienne. Il y a des centaines de milliers de déplacés dans le pays, rien que 80 000 de la frontière nord avec le Liban. Et par-dessus le marché, voilà que tombent ces mauvaises nouvelles de la CPI.»
Un journaliste franco-israélien établi en Israël

L’opposant Benny Gantz fait figure de solution de rechange. «Mais acceptera-t-il le plan américano-saoudien de sortie de crise, qui suppose des discussions en vue de la création d’un Etat palestinien en échange de la reconnaissance par Ryad de l’Etat d’Israël?», se demande le journaliste franco-israélien. Mystère... Pour l'instant, comme l'écrasante majorité des Israéliens, Benny Gantz rejette les accusations du procureur Karim Khan.

«Des signes avant-coureurs de guerre civile»

L’universitaire suisse cité plus haut s’interroge sur l’avenir immédiat d’Israël. Il est inquiet.

«Il y a deux Israël, un Israël laïque prêt à élaborer un plan politique pour sortir de l'impasse et un Israël religieux, celui des colons, pour qui seule compte la force. On n’évitera probablement pas une redéfinition de l’identité de l’Etat hébreu. C’est là que les choses pourraient se gâter intérieurement, tant les positions des uns et des autres divergent. Il y a des signes avant-coureurs de guerre civile. Le ministre d’extrême droite Itamar Ben-Gvir a fait distribuer des milliers de fusils d’assaut aux colons, justement.»
Un universitaire suisse de confession juive
Elle a 9 ans et documente Gaza comme une vraie journaliste
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
10 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
10
Les Etats-Unis se préparent à une vague de chaleur écrasante
Des régions du centre et de l'est des Etats-Unis se préparent à suer à nouveau la semaine prochaine. Des températures anormalement élevées pour un mois de juin sont attendues, jusqu'à 38 degrés par endroits.

«Les températures vont s'envoler la semaine prochaine du Midwest vers le nord-est» du pays, a prévenu vendredi sur le réseau social X le service météorologique national (NWS). Il s'attend à «plusieurs dizaines de records» de chaleur journaliers.

L’article