Le principal accusé dans le procès de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg en 2018, Audrey Mondjehi, a été condamné jeudi à 30 ans de réclusion pour avoir aidé le djihadiste, tué après une traque de deux jours, à se procurer l'arme. L'attaque avait fait 5 morts et 11 blessés.
Cette peine, quasiment conforme aux réquisitions du parquet national antiterroriste, est assortie d'une période de sûreté des deux tiers et d'une interdiction définitive du territoire français, Mondjehi, 42 ans, étant de nationalité ivoirienne.
Dans les trois mois ayant précédé la tuerie, Audrey Mondjehi «savait que le projet criminel de Chérif Chekatt était en cours d'élaboration», a estimé la cour. Mais il en «ignorait les modalités précises», ont tranché les juges, qui ont donc reconnu le quadragénaire non coupable du chef de «complicité» d'assassinats et de tentative d'assassinats terroristes.
La cour a par ailleurs condamné à des peines plus légères deux autres accusés, reconnus coupables d'«association de malfaiteurs» de droit commun, pour avoir également joué un rôle d'intermédiaire, mais de moindre importance.
Un quatrième homme a été acquitté. La cour a considéré qu'on ne pouvait lui imputer «aucune participation active» aux faits, puisqu'il était absent le jour où Chekatt et Mondjehi ont été mis en relation avec le vendeur de l'arme. Cet homme ayant passé 14 mois en détention provisoire, il pourra prétendre à une indemnisation, a souligné la présidente de la cour.
Après la décision rendue jeudi, «les victimes sont soulagées», a commenté Mostafa Salhane, chauffeur de taxi pris en otage lors de l'attentat, qui a assisté à la quasi-intégralité des débats pendant cinq semaines.
Pour les parties civiles, ce verdict marque «la prise en compte de la gravité» des faits, «de toutes leurs plaies, de toutes leurs souffrances», a abondé l'une de leurs avocats. La décision est «extrêmement fondée» et «totalement justifiée» sur le plan juridique, a salué un confrère.
«La justice a été rendue», a commenté pour sa part la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, dans un communiqué. «Je forme le voeu que ce verdict puisse contribuer [au] travail de deuil» des victimes, «même si leur souffrance sera à jamais immense», a ajouté l'édile. (ats/jch)