Les neuf membres du «Tribunal ouïghour», ainsi nommé malgré l'absence de toute autorité judiciaire et dénoncé par Pékin comme une «machine à mensonges», recueillent des témoignages de première main sur les crimes dénoncés à l'encontre des Ouïghours dans la région chinoise du Xinjiang.
L'organisation entend à l'issue de ses auditions dire dans un rapport en décembre si elle estime que Pékin s'est rendu coupable de génocide et de crime contre l'Humanité contre les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes en Chine. Elle espère ainsi attirer l'attention internationale et entraîner de possibles actions.
Qelbinur Sidik une professeure membre de l'ethnie ouzbèke de la capitale du Xinjiang, Urumqi, a expliqué que les dirigeants du Parti communiste l'avaient forcée à enseigner le chinois dans deux sinistres camps de «rééducation» pour les Ouïghours. Enchaînés, ses soi-disant élèves devaient y subir des heures d'enseignement.
«La police, les gardiens du camp, ne voyaient pas les prisonniers hommes comme des êtres humains», a-t-elle expliqué. «Ils prenaient plaisir à voir leurs humiliations et leur souffrance».
Quant aux femmes, «elles étaient non seulement torturées, mais subissaient aussi des viols, parfois collectifs», a-t-elle poursuivi. «Les stérilisations étaient courantes», a-t-elle raconté, évoquant le cas d'une prisonnière qui en est morte.
Qelbinur Sidik a elle-même été stérilisée de force avant d'obtenir un visa pour rendre visite à sa fille aux Pays-Bas, qui lui a permis de fuir la Chine.
Omir Bekali, un Kazakh d'origine ouïghoure, a quant à lui raconté avoir été arrêté alors qu'il était venu rendre visite à sa famille dans le Xinjiang.
«Les quatre premiers jours et nuits, j'ai été torturé sans arrêt», «pendu au plafond» et battu sur le corps et la plante des pieds, a-t-il expliqué. Son père a été tué, son frère, estampillé «terroriste» tout comme sa sœur, est resté handicapé après les séances de tortures, dit-il.
Selon des experts étrangers, plus d'un million d'Ouïghours, principal groupe ethnique du Xinjiang, sont détenus dans des camps de rééducation et certains sont soumis à du «travail forcé».
Pékin conteste et affirme qu'il s'agit de centres de formation professionnelle destinés à les éloigner du terrorisme et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils par des Ouïghours. (ats/afp)