L'ancien premier ministre pakistanais Imran Khan a été placé, mercredi, en détention provisoire pour une durée de huit jours par un tribunal spécialement convoqué au lendemain de son arrestation pour corruption, selon ses avocats.
«Le tribunal a approuvé la mise en détention provisoire d'Imran Khan pour une durée de huit jours», a déclaré à l'AFP Ali Bukhari, un avocat de Khan, à l'issue de l'audience à huis clos.
Les autorités ont également ordonné mercredi la fermeture des écoles dans tout le pays et ont continué à restreindre l'accès aux médias sociaux tels que Twitter et Facebook.
L'ancien joueur vedette de cricket, Imran Khan, reconverti en politique depuis 1996, a fait l'objet d'une arrestation mouvementée mardi dans un tribunal d'Islamabad où il devait répondre d'accusations de corruption. Il avait été destitué de ses fonctions de chef du gouvernement en avril 2022, après avoir perdu le soutien de l'armée et le vote d'une motion de censure à son encontre.
Après sa chute, Khan, 70 ans, visé par plusieurs dizaines d'affaires judiciaires et dont les relations avec l'institution militaire n'ont fait que se dégrader, a fait pression pour l'organisation d'élections anticipées avant la date limite d'octobre, dans l'espoir de revenir au pouvoir. En vain.
L'ex-premier ministre, parvenu au pouvoir avec l'appui de l'armée en 2018 avant de se brouiller avec la hiérarchie militaire, a accusé ce week-end un officier supérieur d'avoir comploté pour l'assassiner en novembre lors d'un meeting, au cours duquel il a été blessé par balle à une jambe.
«Ces allégations fabriquées de toutes pièces et malveillantes sont extrêmement malheureuses, déplorables et inacceptables», a répondu lundi dans un communiqué l'armée, estimant que «cette propagande tapageuse» visait à «promouvoir des objectifs politiques».
Officiellement, l'agression est l'œuvre d'un tireur solitaire qui, selon une vidéo diffusée par la police, a avoué en être l'auteur et qui est incarcéré, mais cette théorie est rejetée par Khan. Les critiques à l'encontre de l'armée sont rares au Pakistan, où ses chefs exercent une influence politique considérable. Elle a organisé au moins trois coups d'Etat depuis l'indépendance en 1947, régnant pendant plus de 30 ans.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des affrontements ont éclaté entre les partisans du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti de Khan, et la police dans plusieurs grandes villes. Près de 1000 manifestants ont été arrêtés dans la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, et 130 membres de la police ont été blessés, selon cette dernière.
Avant cela, l'ex-premier ministre avait lancé dans une vidéo pré-enregistrée, anticipant son arrestation:
Sur une vidéo diffusée mardi par des chaînes de télévision locales, on aperçoit Khan poussé par des dizaines de paramilitaires dans une voiture blindée stationnée dans l'enceinte du tribunal à Islamabad.
Quelques heures après la nouvelle de l'arrestation, de violentes manifestations ont éclaté. Des protestataires ont fait irruption dans la résidence du commandant militaire de Lahore (est) et ont bloqué les grilles d'entrée du quartier général de l'armée à Rawalpindi, près d'Islamabad.
Mercredi un de ses avocats, Faisal Hussain Chaudry, a déploré:
A Peshawar, la foule a détruit le monument de Chaghi, une sculpture en forme de montagne qui honore le lieu du premier essai nucléaire pakistanais. Plusieurs monuments à la mémoire des militaires tués en service actif ont également été vandalisés.
Shah Mehmood Qureshi, le vice-président du PTI, a exhorté ses partisans à continuer à manifester "de manière légale et pacifique", ajoutant que les avocats du parti déposeraient de nombreux appels contre l'arrestation de M. Khan.
(jah/ats)