Arrivé mercredi à Lisbonne pour participer aux Journées mondiales de la jeunesse, le pape a rencontré des victimes de violences sexuelles commises par des membres du clergé portugais. Ce six mois après la publication d'un rapport accablant pour l'Eglise du pays.
Un peu plus tôt, au premier jour d'un déplacement de cinq jours au Portugal, le souverain pontife avait évoqué devant sa hiérarchie ecclésiastique «la déception et la colère que certains ressentent à l'égard de l'Eglise, parfois à cause de notre mauvais témoignage et des scandales qui en ont défiguré le visage». Selon lui, ces scandales «appellent à une purification humble et constante, en partant du cri de douleur des victimes, toujours à accueillir et à écouter».
Dans un rapport remis en février, une commission d'experts indépendants mandatée par les évêques portugais avait établi qu'au moins 4815 mineurs ont été victimes de violences sexuelles dans un contexte religieux depuis 1950, des actes dissimulés par la hiérarchie catholique de façon «systémique»:
Dans un premier discours aux responsables politiques et aux diplomates en poste au Portugal, le pape avait appelé l'Europe à «bâtir des ponts» pour la paix en Ukraine.
«Nous naviguons sur l'océan de l'histoire en des temps tumultueux et nous ressentons le manque de courageux itinéraires de paix», a regretté le jésuite âgé de 86 ans, qui ne cesse d'appeler à faire taire les armes en Ukraine depuis le début de l'invasion russe en février 2022.
«Nous sommes la jeunesse du pape!», ont scandé des centaines de fidèles en tapant sur des tambours et agitant des drapeaux aux couleurs de leurs pays pendant qu'ils l'attendaient devant le palais de Belém, où il s'est entretenu avec le président du Portugal, Marcelo Rebelo de Sousa.
Des jeunes de presque toutes les nations du monde ont afflué sous le soleil de la capitale portugaise pour cette semaine de rendez-vous festifs, culturels et spirituels, qui s'est ouverte mardi par une messe au sommet d'une colline surplombant le centre-ville.
Quelque 16 000 membres des forces de l'ordre et des services médicaux sont déployés pour l'occasion et plusieurs routes et stations de métro sont fermées, un défi pour Lisbonne, une cité de 550 000 habitants qui accueille déjà de nombreux touristes en cette période estivale.
Avec 11 discours et une vingtaine de rendez-vous, le programme de ce 42e voyage à l'étranger est chargé pour l'évêque, deux mois après une lourde opération de l'abdomen.
A moins de deux mois de l'ouverture d'un autre rassemblement mondial à Rome destiné à se pencher sur l'avenir de l'Église, cet évènement fait aussi office de baromètre sur la position des jeunes catholiques vis-à-vis de l'accueil des LGBT+, du mariage des prêtres ou de la place des femmes. Autant de sujets sur lesquels François a progressivement esquissé des réformes en 10 ans de pontificat.
Le pape a d'ailleurs confié aux journalistes vouloir continuer à encourager la jeunesse catholique à «mettre la pagaille», une référence à son expression employée aux JMJ de Rio en 2013 pour inciter les jeunes à s'engager dans l'Eglise. «Le pape est quelqu'un de spécial, car il est en train de changer la doctrine de l'église dans le bon sens», a commenté Maria Alvarez, une Espagnole de 45 ans. (ats/jch)