Ferdinand Marcos Junior, fils du défunt dictateur du même nom, a remporté mardi une victoire écrasante à la présidentielle aux Philippines, réinstallant son clan familial au sommet du pouvoir, 36 ans après la révolte populaire qui l'en avait chassé.
Selon des résultats portant sur plus de 90% des circonscriptions, Marcos Junior, surnommé «Bongbong», obtenait près de 30 millions de voix, soit environ deux fois plus que sa principale rivale, la vice-présidente sortante Leni Robredo, une avance impossible à rattraper.
Dans une allocution mardi à l'aube, depuis son quartier général de campagne à Manille, «Bongbong», 64 ans, s'est abstenu de proclamer sa victoire, se contentant de remercier ses partisans pour leurs mois de «sacrifices et de travail». «Attendons que ce soit très clair, que le décompte atteigne 100% des voix, et alors nous pourrons célébrer», a-t-il dit.
Environ 67 millions de Philippins étaient appelés aux urnes pour ces élections générales, lors desquelles devaient également être désignés le vice-président ainsi que les députés, la moitié des sénateurs, les gouverneurs de province et des milliers d'autres élus locaux.
Le triomphe de Marcos Junior intervient après une campagne électorale marquée par des torrents de désinformation et par le soutien sans faille du président autoritaire sortant Rodrigo Duterte, dont la popularité reste très élevée.
Depuis des années, des comptes pro-Marcos Junior ont envahi les réseaux sociaux, faisant passer auprès des jeunes Philippins les 20 ans de régime de son père (1965-1986) comme une ère dorée de paix et de prospérité pour les Philippines.
Et en passant sous silence les dizaines de milliers d'opposants arrêtés, torturés ou tués, ou encore les milliards de dollars volés par le clan Marcos dans les caisses du pays pour son enrichissement personnel.
Marcos Jr a mené une campagne électorale plutôt terne, peinant à galvaniser ses partisans et attirant des foules moins nombreuses que celles de sa rivale Leni Robredo.
L'avocate et économiste de 57 ans, qui avait promis lors de sa campagne de débarrasser le pays de la corruption et de la mainmise des dynasties politiques, a exprimé sa «claire déception» face au résultat.
Parmi les autres candidats à la présidence figurent la légende de la boxe Manny Pacquiao et l'ancien éboueur devenu acteur Francisco Domagoso. Mais seuls Marcos Jr et Robredo sont considérés comme ayant une chance de gagner.
La journée de lundi a été marquée par des violences, comme c'est souvent le cas lors d'élections aux Philippines. Au moins quatre personnes ont été tuées à travers le pays dans des attaques de bureaux de vote. Dimanche soir, l'explosion d'une grenade devant un autre avait fait neuf blessés. (ats/jch)