Depuis plusieurs années, l'état de santé du maître du Kremlin suscite pléthore de rumeurs et de spéculations. Parkinson, cancer de la thyroïde ou encore troubles paranoïaques: tous les diagnostics ont déjà été posés sur le président russe, qui a longtemps joué la carte de la force et de la virilité, avant d'apparaître «affaibli» ces derniers mois.
Tout dernièrement, la question est revenue sur la table avec une acuité particulière. C'est justement la manière dont Poutine s'accroche à la sienne, face à son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, qui a relancé les interrogations quant à sa condition physique et mentale. 👇
Visage blême, tête rentrée entre les épaules, buste affaissé et mains fermement accrochées au bureau (comme pour s'éviter de trembler?): il est vrai que la séquence est troublante et a de quoi alimenter les hypothèses des internautes.
Sur une autre vidéo publiée trois jours plus tard, le 24 avril, le présent russe accueille son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko, la main tremblante et la jambe raide. «Son pouce droit fait un mouvement qui pourrait être considéré comme un spasme» et «il semble instable sur ses pieds, marchant avec raideur et balançant son équilibre d’une jambe à l’autre», comme l’a indiqué L’Express Uk, ce mardi.
Il n'en fallait pas plus pour (ré)alimenter la thèse d'une maladie de Parkinson.
Many suspected it after his weird meeting sign Shoigu, during which he held on to the table for 13 minutes.
— Visegrád 24 (@visegrad24) April 24, 2022
This is probably the clearest video of something being wrong with Putin’s health.
Look at his leg & hand tremors!
Any doctor out there willing to weigh in?
Parkinson? pic.twitter.com/Vt0TpHtdrF
Mais alors, peut-on vraiment porter un diagnostic médical sur la base de quelques minutes de vidéo?
Pour l'expert en langage corporel Stefan Verra, interviewé par t-online, il n'en est pas question. Selon lui, il faut s'abstenir de toute surinterprétation: le langage corporel ne suffit pas pour tirer de quelconque bilan sur le plan médical. Avis partagé par des spécialistes de la maladie de Parkinson, interrogés par L'Express: même si certains signes peuvent interroger, il est impossible de tirer des conclusions avec si peu d'images.
Certes, les apparitions du président russe au cours des dernières semaines montrent un homme au visage de plus en plus rond, figé et inexpressif. Mais c'est oublier qu'il a très probablement «subi des opérations chirurgicales sur le front, les paupières ou les joues. Cela a gommé les rides, mais aussi figé ses traits».
«Il y a eu un glissement progressif vers un double monstrueux de lui-même», analyse l'universitaire François Hourmant auprès de L'Express. Et c'est sans compter le fait que le présent russe est âgé de presque 70 ans et qu'il dort probablement très mal. «Cet homme est soumis à un fort stress depuis des mois, il sait que le monde entier le regarde et qu'il doit gagner», précise Stefan Verra à t-online.
Pour Sergueï Jirnov, ex-agent du KGB, interrogé par le service «CheckNews» de Libération, il ne faudrait surtout pas enterrer Poutine trop vite: «Il y a des Cassandre qui disent depuis des années qu’il va mourir dans une semaine. Moi, je suis assez sceptique sur l’issue». Cependant, Jirnov tient à préciser: «Mais de fait, il vieillit et à ces rumeurs s’ajoute ce qu’on peut constater de visu, notamment son visage bouffi». (mbr)