Selon ce décret, signé dimanche par Vladimir Poutine et publié sur le portail juridique officiel russe, 98,56% des actions de la brasserie russe Baltika, appartenant à Carlsberg, et des dizaines de milliers d'actions appartenant à Danone, sont placés «temporairement» sous le contrôle de l'Etat russe.
Fin juin, plus d'un an après avoir annoncé son retrait du pays à la suite de l'offensive russe en Ukraine, le brasseur danois Carlsberg avait annoncé avoir trouvé un repreneur pour ses activités en Russie, sans le nommer. Le groupe avait mis en vente ses activités en Russie au mois de mars, où il compte 8400 employés et détient depuis 2000 la marque russe Baltika.
Mi-octobre, le géant français de l'agroalimentaire Danone avait, pour sa part, annoncé son intention de se désengager de la plupart de ses activités en Russie. Le groupe, qui avait dans un premier temps assumé sa présence en Russie pour répondre «aux besoins alimentaires essentiels des populations civiles», avait dit prévoir de céder le contrôle de sa branche «produits laitiers et végétaux», ne conservant que celle de la nutrition infantile.
Danone commercialise en Russie du lait et des yaourts sous les marques Danone, Danissimo ou Prostokvashino. En 2010, le groupe avait acheté 57,5% du numéro deux russe des produits laitiers, Unimilk (21% de parts de marché et 25 usines).
En détail, ce décret précise que 83 292 493 000 actions de «Danone Russie», propriété du groupe «Produits Laitiers Frais Est Europe», sont placées sous le contrôle de l'Etat russe, ainsi que 85 000 autres actions appartenant au groupe «Danone Trade».
Danone a indiqué dimanche soir avoir «pris acte» et «étudie(r) actuellement la situation». Le processus de transfert de contrôle «progressait de manière conforme au calendrier prévu», selon le groupe qui, a aussi affirmé se préparer «à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger ses droits en tant qu'actionnaire de Danone Russie, et pour assurer la continuité des opérations de l'entreprise dans l'intérêt de toutes les parties prenantes, et en particulier de ses salariés».
Le géant français avait précisé que cette opération de retrait pourrait «entraîner une dépréciation allant jusqu'à 1 milliard d'euros» dans ses comptes.
Depuis l'attaque de l'Ukraine par la Russie le 24 février et les premières sanctions économiques décrétées par les Occidentaux, de nombreuses multinationales ont quitté la Russie, d'autres y ont suspendu leurs activités, dans les secteurs du pétrole, de l'automobile ou encore du luxe. (mbr/ats)