«J'ai un message pour vous.» C'est par le biais d'une vidéo postée sur sa chaîne YouTube qu'Eric Zemmour a souhaité annoncer officiellement sa candidature à la présidentielle 2022.
D'une durée d'une dizaine de minutes, le clip publié ce mardi mêle scènes de violences urbaines, archives du «pays de Notre-Dame de Paris et des clochers» ou encore extraits de films cultes. Mais il y a un petit hic, met en lumière le média Les Jours: plusieurs propriétaires de ces images n'ont pas été contactés en amont. En d'autres termes, ils n'ont jamais donné leur accord pour la diffusion de ces images, qui ont donc été volées.
Ainsi, Gaumont, société productrice et distributrice du film Jeanne d’Arc, envisage des poursuites, de même que Clément Lanot, journaliste indépendant. Mais cela ne s'arrête pas là. Studiocanal qui détient les droits de quatre films utilisés dans le clip (Quai des Brumes, L'Eclipse, A bout de souffle, Les Choses de la vie) n'a également pas été consulté. Même scénario chez Pathé.
Les chaînes d'info en continu font également les frais de cette infraction aux droits d'auteur. Sur Twitter, Christophe Beaugrand-Gerin, journaliste de LCI a déclaré: «Il nous est impossible de diffuser le clip d’Eric Zemmour (hormis les extraits où il est seul face à son micro), car aucune autorisation n’a été demandée pour utiliser les images. Ahurissant amateurisme!».
Pour info, il nous est impossible de diffuser le clip d’Eric Zemmour (hormis les extraits où il est seul face à son micro), car aucune autorisation n’a été demandée pour utiliser les images (ex. le film Jeanne d’Arc de Luc Besson)
— Christophe Beaugrand-Gerin (@Tof_Beaugrand) November 30, 2021
Ahurissant amateurisme ! pic.twitter.com/WhRw3NSI0B
Plusieurs images appartenant à des médias ont également été diffusées sans autorisation. La chaîne France 24 a indiqué «s'opposer par principe à l'utilisation de ses images et de son logo dans tout clip de campagne politique». Elle va demander le retrait immédiat de ces illustrations et étudiera les recours légaux s'il n'est pas donné suite à sa demande, rapporte Franceinter. Même son de cloche du côté de France Télévisions, l'Ina et Radio France.
Bah alors, on vole des images ? 🙃
— Quotidien (@Qofficiel) November 30, 2021
Forcément, on a décidé que l'argent que nous recevrons de Zemmour sera reversé aux associations qui viennent en aide aux migrants. #Quotidien pic.twitter.com/L4jhY0dp0q
En France, les images comme les extraits vidéos sont protégés par la loi. Interrogée par Le Figaro, l'avocate Julie Jacob, spécialisée en propriété intellectuelle et digitale, le candidat s'exposer à des peines assez... lourdes.
Etant donné le nombre d'images utilisées dans son clip, la facture pourrait s'avérer plutôt salée. A noter que tous les ayants droit n'attaqueront pas nécessairement. Aucune poursuite n'est envisagée pour l'instant. N'en reste pas moins que, selon l'avocate, «le clip d'Eric Zemmour méprise totalement le droit d'auteur et la création».
Contacté par Franceinter, le porte-parole d'Eric Zemmour a fait valoir le droit dit «de courte citation» qui permet à quiconque de citer un passage d'une œuvre à condition que la longueur de ce dernier soit limitée. Il a précisé que «pour le reste, les droits sont gérés ou en cours de l'être».
L'équipe de campagne de Zemmour a fait savoir au Parisien que la situation est en cours de régularisation. Les droits de la musique ont notamment été payés.