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Présidentielle 2022

Eric Zemmour se prépare à faire péter la présidentielle

Eric Zemmour à l'Elysée?
La candidature d'Eric Zemmour est de plus en plus probable. Mais à quoi rime-t-elle?Image: Keystone / CC / Montage watson
Présidentielle 2022

Eric Zemmour se prépare à faire péter la présidentielle

Zemmour candidat à la présidentielle? C'est de plus en plus probable. L'éditorialiste français a confirmé récemment dans une longue interview qu'il réfléchissait à la possibilité de «passer de l'observation à l'action». D'autres éléments sont venus étayer ces derniers mois cette hypothèse.
16.06.2021, 06:0417.06.2021, 08:50
Jonas Follonier
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Ce ne sont plus des ragots de salon, ce sont des faits. Eric Zemmour, l'éditorialiste réactionnaire le plus célèbre de France, se décrivant aussi comme gaulliste et bonapartiste, entretient le doute au sujet de sa possible candidature – explosive – à la présidence de 2022 et prépare le terrain à cet effet. Tout a commencé en janvier 2021. Magneto, Serge.

C'était toujours «non»... jusqu'à cette année

Ce n'est pas la première fois qu'on évoque une candidature de Zemmour à la présidentielle. La question lui avait été posée en 2017 et en 2012 déjà, sur des plateaux télé. Sa réponse: non, non, non. «Certes, je fais de la politique, mais en tant qu'éditorialiste, pas en tant que politicien.» C'est un peu le seul à l'assumer, d'ailleurs.

Ces derniers mois, tout a changé. Le 20 janvier 2021, sur le plateau de l'émission «Zemmour et Nauleau», l'éditorialiste libéral Alain Duhamel a fait rougir Eric Zemmour en le présentant comme un candidat plébiscité par une partie de l'électorat français. Interrogé par l'animatrice de l'émission, Zemmour a fait sa diva: «Ce n’est pas ici, aujourd’hui, que je vais le dire.»

Place au mystère. Le début d'un suspense auquel il a pris goût? L'épisode s'est fréquemment reproduit depuis, d'émission en émission. Comme le 5 mars dans «Face à l'info», où Zemmour a assuré, goguenard, à la ministre Amélie de Montchalin: «Je ne postule à rien», avant d'ajouter: «pour l'instant».

Additionnée au fait qu'en juin 2019, comme l'avait révélé Le Point, Eric Zemmour préparait une «plateforme d'idées pour la droite» avec Patrick Buisson, ancien conseiller politique de Nicolas Sarkozy, l'ambiguïté de l'essayiste sur ses velléités présidentielles a commencé à parler d'elle-même. Et tout le monde a commencé à en causer. Forcément.

Zemmour en mode instagrameur... et tiktokeur

Eric Zemmour, à la base guère friand des réseaux sociaux, est présent sur Twitter depuis octobre 2019. Mais ce qui s'est passé cette première partie d'année dénote une claire ambition de développer une visibilité la plus large possible. On trouve maintenant l'éditorialiste sur tous les grands réseaux, y compris... TikTok, depuis avril dernier. Les images qui y sont déposées, comme ce post Instagram, font très «campagne»:

Des groupes de fans et une liste aux régionales

En avril, une campagne de financement pour les «Amis d’Eric Zemmour», qui souhaitent «le voir se lancer dans la bataille électorale de 2022 et conduire le changement tant attendu», a vu le jour. On a même assisté au lancement d'une liste aux régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur (région «PACA»), pilotée par Jacques Bompard, «président d’honneur des comités Zemmour». Le nom de cette liste pour ces élections qui sont souvent réputées donner le ton de la campagne nationale? «Zou! La liste qui vous débarrasse du système».

En juin, la comparaison à Jacques Bainville

En avril toujours, dans une de ses chroniques hebdomadaires pour Le Figaro, consacrées à chaque fois à un essai qui vient de sortir, Eric Zemmour a cité une phrase dont le clin d'œil à son état d'esprit actuel est évident. La citation en question est signée Jacques Bainville, journaliste et historien membre de l'Action française, parti royaliste d'extrême droite surtout actif au début du 20e siècle:

Interrogé récemment sous forme de vidéo YouTube par le nouveau média Livre noir, qui «se veut crédible, authentique et enraciné», l'éditorialiste vedette de CNEWS a déclaré, un brin vantard: «J’ai depuis vingt ans annoncé, prophétisé, en vain pour l’instant, en disant, “voilà ce qu’il va arriver”. J’ai longtemps pensé que cela suffisait. (…)» Avant d'en tirer cette conclusion qui a ajouté beaucoup de beurre aux épinards de la rumeur, d'autant que cela faisait des années que Zemmour n'avait plus accordé de long entretien:

«Peut-être qu’il faut passer à l’action car la prévision, la prédiction, même la prophétie ne suffit pas»

Un entourage divisé

Qu'en disent ses proches? Selon nos informations, certains pousseraient Eric Zemmour à se présenter, tandis que d'autres non. De quoi faire beaucoup réfléchir l'intellectuel de droite, qui se tâterait encore. Deux camps semblent se dessiner: ceux qui lui disent «vas-y, mon pote, c'est ton heure» et ceux qui préfèrent le «ramener à la raison, sans quoi il se brûlera les ailes».

L'une de nos sources estime que, dans la garde rapprochée du candidat potentiel, «il y a encore des tentatives de la part du camp mariniste de faire "entendre raison" à certains zemmouriens putatifs», dont fait partie l'un des organisateurs de la Convention de la droite de septembre 2019, lors de laquelle Zemmour avait tenu un discours virulent lui ayant valu une amende de 10 000 euros pour «injure publique à raison d'une religion déterminée» et «provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence».

Quant aux personnes qui le poussent à se présenter, ce serait dans diverses optiques:

«Certains disent qu'il se lancera cet été, d'autres en novembre. Certains disent qu'il aura des ralliements LR après les régionales (accréditant la thèse selon laquelle Zemmour est censé servir de voiture balai pour le Rassemblement national (RN), avec pour mission de ramasser les électeurs de Bellamy au premier tour et les inviter à voter Le Pen au second), d'autres qu'il est au contraire financé par Vincent Bolloré [réd: le propriétaire de CNEWS] pour gêner la candidate du RN. Et puis il y a bien sûr ceux qui disent qu'il va gagner, comme Trump, grâce à sa célébrité télévisuelle et son franc parler.»
Une source de watson

Bref, on susurre tout et son contraire au sujet de cette candidature qui pour l'heure n'a jamais été confirmée. Mais l'hésitation de Zemmour n'est pas de la poudre de perlimpinpin. Politico rapporte que ce dernier a proposé à Patrick Stefanini, directeur de la campagne de Jacques Chirac en 1995 et de François Fillon en 2017, de diriger la sienne. Demande qui a été refusée, l'homme n'étant «pas en mesure de prendre le moindre engagement présidentiel.»

Une hypothèse qui ferait du tort à Marine Le Pen

Porteur d'une droite pouvant être qualifiée de «nationaliste» ou de «populiste», des étiquettes qu'il prend d'ailleurs à son compte, le redoutable débatteur Zemmour se montre très critique envers Marine Le Pen, qu’il juge inapte, ayant «toujours été à gauche» et manquant aussi bien de conséquence dans ses idées que d'idées tout court.

Soit. Mais en se lançant dans la course à la présidentielle, Zemmour puiserait très probablement des voix dans le même vivier qu’elle. Tous deux sont d'avis qu'il faut réduire drastiquement l'immigration et c'est au fond leur cheval de bataille. Nuances ou pas, la base des Français qui seraient prêts à voter pour le second se situe raisonnablement à droite de la droite. A ceci près qu'une forte abstention laisserait peut-être la place à un candidat outsider.

Marine Le Pen ne s'en cache pas: elle voit l'ombre du candidat Zemmour d'un mauvais œil. «Objectivement, c’est une candidature qui peut permettre à Emmanuel Macron d’arriver en tête à la présidentielle», a-t-elle déclaré au Grand jury RTL-Le Figaro-LCI. D'après Le Parisien, elle aurait demandé à son père, Jean-Marie Le Pen, de dissuader Eric Zemmour de se présenter. Ce qu'il a fait, dernièrement, au micro du média très à droite Boulevard Voltaire:

La sortie d'un nouveau livre en automne et la question ultime

Reste donc cette question: dans le cas où Zemmour venait à confirmer officiellement sa participation au jeu présidentiel, à quoi ce choix rimerait-il, au-delà du fait qu'il lui est bien sûr permis de tenter sa chance? Il faut bien voir qu'en cas de candidature, il ne serait plus journaliste au Figaro, son temps de parole à CNEWS serait compté au même titre que celui des autres candidats et, de manière plus générale, il troquerait ses habits d'habile dézingueur d'idées contre ceux du porteur de propositions. Pourquoi le ferait-il?

Trois paris peuvent être pris:

  • Soit il compte dynamiser sa notoriété et donc les ventes de son prochain livre, la suite du Suicide français, à paraître en automne;
  • Soit il souhaite ouvrir un chemin à Marine Le Pen en la rejoignant au dernier moment, peut-être avec un poste de ministre à la clef;
  • Soit il y croit vraiment et d'aucuns y verront le combat de trop, porté par un excès d'orgueil.

En attendant, un certain public le porte aussi. Et n'oublions pas que Macron candidat, personne n'y croyait. Et encore moins Macron président.

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