Présidentielle 2022
«Calmez-vous!», «Laissez-moi finir!», «C'est celui qui dit qui l'est!», «Gna, gna, gna!» Depuis 1974 et le duel qui opposait Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand, la qualité, la densité et la rapidité des débats n'ont fait qu'empirer. On vous donne quelques chiffres avant le match entre Macron et Le Pen de ce soir.
20.04.2022, 16:5420.04.2022, 17:59
Mercredi soir, Emmanuel Macron et Marine Le Pen vont s'affronter en duel devant les Français. L'un d'eux finira président ou présidente de la République. En attendant le résultat final, dimanche 24 avril prochain à 20 heures, il va falloir aiguiser les saillies, armer les boules puantes et travailler sa respiration pour que l'adversaire ne puisse pas en placer une. D'ailleurs, en 50 ans de débat d'entre-deux-tours, les échanges ont quelque peu évolué. Et quand on dit «évoluer», c'est d'abord dans la subtilité de l'éloquence.
Par exemple, en 1974, les punchlines ressemblaient à de la poésie:
«Vous n'avez pas, Monsieur Mitterrand, le monopole du cœur! Vous ne l'avez pas... J'ai un cœur comme le vôtre qui bat à sa cadence et qui est le mien»
Valéry Giscard d’Estaing répondant à Mitterrand selon qui la droite n'aurait pas de cœur
On se souvient aussi de Chirac face à Mitterrand en 1988:
«Permettez-moi de vous dire que, ce soir, je ne suis pas le Premier ministre et que vous n’êtes pas le président de la République. Nous sommes deux candidats, à égalité, et qui se soumettent au jugement des Français»
La réponse de Mitterrand, tout en finesse:
«Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre!»
Les débats de l'entre-deux-tours, institutionnalisés en 1974, ont subi de sacrés bouleversements avant d'atterrir, en 2017, sur la triste et célèbre performance de Marine Le Pen singeant «Les Envahisseurs» devant Emmanuel Macron. Un débat principalement composé d'invectives stériles et d'attaques personnelles douteuses et qui avait duré deux heures et trente-cinq minutes. Les tympans de tous les Français ressemblaient à du houmous oublié sur une table d'apéro au soleil.
En 2017, il y a eu:
203 interpellations de l'adversaire et 2062 chevauchements de parole
Selon le travail data du site FranceInfo Ces chiffres vous paraissent élevés? Histoire de comparer plus facilement, France Info a eu la bonne idée d'accoucher d'un graphique, afin de visualiser d'un seul coup d'œil l'évolution du taux de cacophonie des débats, de 1974 à 2017. Et le résultat est... criant de clarté.
En 1982 et 1988, les débats comptabilisaient respectivement 200 et 250 prises de paroles. Les invectives étaient sensiblement plus rares et chacun des candidats laissait plus facilement l'adversaire charger son argumentaire. Et pas seulement par pure politesse. Le silence était autrement plus ravageur et tranchant il y a quarante ans. Aujourd'hui, forcément, tout va plus vite. Comme le confirme d'ailleurs, ce mercredi, l'historien Jean Garrigues à 20minutes.fr:
«Dans une société où de plus en plus de médias sont focalisés sur le combat et l’affrontement, il est évident que c’est ce qui nourrit de plus en plus la curiosité des téléspectateurs.»
Jean Garrigues, historien, sur le débat de l'entre-deux-tours.
Mais alors, c'est quoi le plus important aujourd'hui?
«Les valeurs qu'on met en avant sont la pugnacité, la capacité à réagir à vif. Alors qu'avant, c'était davantage être stable, ferme»
Catherine Kerbrat-Orecchioni, auteure de «Les débats de l’entre-deux-tours des élections présidentielles françaises. Constantes et évolutions d’un genre» , sorti en 2017
Petite anecdote pour conclure: en 1995, le candidat Lionel Jospin a eu l'opportunité de dérouler son argumentaire durant plus de cinq minutes, sans être interrompu une seule fois par son adversaire... Jacques Chirac. Peut-on imaginer la même chose ce mercredi soir, entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron? Mmmh. (fv)
Marine Le Pen en difficulté face à Bruce Toussaint
Video: watson
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