Souvenez-vous: le 7 mars 2020, alors que le Covid sonnait encore comme une menace abstraite et un peu lointaine, cette célèbre station de ski du Tyrol autrichien se transformait en foyer de contagion, à l'origine de milliers de cas en Europe. Le procès a débuté vendredi 19 septembre.
Au coeur de ce foyer contagieux, le Kitzloch, bar populaire niché au pied des pistes, haut-lieu des after-skis endiablés, où l'on danse et joue au bière-pong en souliers de ski.
Après plusieurs signalements de contamination de touristes norvégiens, islandais, allemands, anglais ou encore danois, la station finit par prendre des mesures. La fin de la saison et l'évacuation des hôtels n'ont été décrétées qu'à partir du 12 mars dans le Tyrol et les remontées mécaniques ont traîné encore quelques jours avant de s'exécuter. Trop tard.
The Austrian ski resort town of Ischgl has been traced as the source of coronavirus infections across Europe -- with some being traced to a popular restaurant and bar. https://t.co/cC7fUHNznG
— CNN International (@cnni) March 24, 2020
Selon Le Monde, Ischgl a été désigné responsable de la contamination de près de 9000 Allemands, de plus de 1000 Autrichiens, d’au moins 1000 Scandinaves, et de centaines de Belges et de Néerlandais. La station est aussi liée à plusieurs décès dans tous ces pays.
La réaction tardive des autorités tyroliennes est vivement critiquée, d'aucun leur reprochant d'avoir voulu privilégier des intérêts économiques à la santé publique.
Les autorités vont désormais devoir s'expliquer devant les tribunaux. L'association de protection des consommateurs VSV, qui représente les plaignants a annoncé que le procès débute aujourd'hui, le 17 septembre.
Le fils et la veuve d'un citoyen autrichien décédé du coronavirus seront les premiers à témoigner. Ils réclament 100 000 euros de dommages et intérêts à l'État. Les plaignants affirment que le journaliste de 72 ans a été contaminé durant les départs chaotiques de la station en bus.
En effet, le 13 mars, des milliers de vacanciers avaient été surpris par l'annonce du chancelier Sebastian Kurz d'un isolement avec effet immédiat pour la région. Cette décision avait suscité un vent de panique et de nombreux touristes avaient tenté de quitter les lieux en urgence. Du point de vue des plaignants, ces circonstances ont contribué à la propagation du virus à d'autres endroits d'Europe.
Douze autres procédures doivent s'ouvrir dans les jours suivants. Les plaignants accusent les autorités d'avoir émis des avertissements trop tard et d'avoir décrété des fermetures trop tardivement. (mbr)