Les personnes d'ascendance africaine et leurs proches subissent «un impact disproportionné et discriminatoire» des forces de l'ordre et de la justice, affirme la Haute Commissaraire aux droits de l'homme Michelle Bachelet dans un rapport sur le racisme systémique publié lundi. Elles sont notamment ciblées lors de délits mineurs, de contrôles et d'interpellations mais aussi d'actions sur la santé mentale et de dispositifs anti-drogue. Dans la plupart des cas, les personnes tuées ne constituaient pas de menaces pour la police.
Le Conseil des droits de l'homme avait chargé l'année dernière Michelle Bachelet de se pencher sur le racisme systémique après le meurtre de George Floyd. Ce décès et «les manifestations de masse qui ont suivi dans le monde entier» ont changé la lutte contre le racisme, en augmentant la reconnaissance du problème, estime le rapport. Le policier qui a étouffé l'Afro-Américain a été condamné la semaine dernière à plus de 20 ans de prison.
Bachelet s'est penchée sur près de 200 décès de personnes d'ascendance africaine dans le monde, attribués aux forces de l'ordre. Elle a aussi dialogué avec les proches de sept victimes, dont ceux de George Floyd ou du Français Adama Traoré. Elle a également discuté avec plusieurs centaines de personnes et les représentants de plus 100 Etats.
Le rapport dénonce «l'excès de surveillance policière à l’égard des personnes et des populations noires, ce qui les fait se sentir davantage menacées que protégées». Les manifestants sont aussi affectés par un usage excessif de la force, notamment aux Etats-Unis, et parfois considérés comme «terroristes». Outre les violences policières, d'autres discriminations sont identifiées. Elles sont:
Dans un programme en quatre points, la Haute commissaire demande aux Etats d'«arrêter de nier et de commencer à démanteler» le racisme systémique. Il serait «inacceptable» pour eux de ne pas oeuvrer, dit-elle. Des données raciales devraient être analysées, en conformité avec les droits humains, pour pouvoir identifier l'ensemble des problèmes.
Elles devraient aussi porter sur les violences policières et les verdicts de culpabilité à l'égard des responsables. Bachelet dénonce à nouveau une large «impunité» pour le moment dans les violences dont sont victimes les populations noires. Des réformes pour restreindre le recours à la force et interdire le profilage racial sont également recommandées.
Plus largement, la participation de ces minorités dans les institutions doit être garantie. Les manifestants pacifiques et les libertés fondamentales doivent être protégés. Toute violation doit faire l'objet d'une investigation indépendante, dit l'ONU. (ats)