Les troupes russes avancent à l'est au prix de lourdes pertes. Des voix s'élèvent déjà pour demander à l'Ukraine de céder des territoires à la Russie et de faire une offre de paix à Poutine. Plus la guerre d'agression russe durera, plus les Russes gagneront de territoires et plus les prix augmenteront chez nous, plus ces appels se feront entendre en Europe occidentale et aux Etats-Unis.
Mais de quelle superficie parlons-nous? Les Européens centraux - et les Américains encore plus - n'ont souvent qu'une idée très vague de la superficie lorsqu'il s'agit de l'Ukraine.
Les cartes suivantes montrent l'étendue du territoire actuellement contrôlé par la Russie par rapport aux pays européens.
De telles comparaisons de surfaces sont impressionnantes, mais elles présentent un inconvénient majeur: du point de vue des Etats, la valeur d'une région ne se mesure pas en premier lieu à sa superficie, mais à des facteurs tels que les ressources minérales disponibles, la performance économique d'une région ou son importance stratégique - par exemple l'accès à la mer. Il ne faut pas non plus oublier les données culturelles et historiques.
En conclusion, la grande majorité des Ukrainiens ne sont pas prêts à céder la moindre parcelle de leur pays, même si cela signifie que la guerre doit durer encore longtemps. Récompenser l'agression russe par des gains territoriaux n'est tout simplement pas une option pour eux. L'histoire récente leur a appris que Poutine punit rigoureusement toute faiblesse.
«Des cessions de territoires à la Russie auraient peut-être un effet stabilisateur temporaire. Mais à plus long terme, elles ouvrent la porte à de nouvelles ambitions et interventions russes, comme nous l'avons vu depuis 2014 - l'occupation de la Crimée et du Donbas», explique Benno Zogg, expert en sécurité à l'EPFZ, dans une interview accordée à watson. La Russie se sentirait ainsi «confortée dans son chantage et sa conduite de la guerre», ajoute Zogg.