«Je suis si dangereuse!» Ce cri bourré d'ironie a été posté lundi matin sur son compte Instagram, qui compte plus d'un million d'abonnés. Veronika Belotserkovskaya, célèbre entrepreneuse et influenceuse russe originaire d'Odessa, a été condamnée à 9 ans de prison ferme par un tribunal de Moscou. Sous «enquête criminelle» depuis le mois de mars dernier, elle avait attiré l'oeil des enquêteurs du Kremlin pour avoir partagé des informations considérés comme des «fake news».
Selon cette Commission d'enquête, les publications discréditeraient les autorités russes. Et d'après les informations que les enquêteurs avaient à leur disposition, Veronika Belotserkovskaya se trouverait «en dehors des frontières de la Fédération de Russie». L'entrepreneuse était donc officiellement considérée, en mars et selon le message disponible sur le site de la commission, comme «une fugitive recherchée à l'international».
Cette Loi contre la désinformation a été adoptée par la Douma (la chambre basse du Parlement russe) le 4 mars dernier. Un arsenal législatif criminalisant la «désinformation médiatique» contre l'armée russe. Ce sont, en réalité, des amendements concernant «la répression des fake news et le discrédit des forces armées russes et les appels à des sanctions».
Tout citoyen russe, et pas seulement les journalistes, risque jusqu'à quinze ans de prison. Veronika Belotserkovskaya est d'ailleurs considérée comme la première victime de cette loi.
Cette directrice de médias et éditrice russe se surnomme Belonika sur Instagram et elle est née en 1970 à Saint-Pétersbourg. Sur le site Monaco Tribune, on apprend qu'elle vivait sur la Côte d’Azur six mois par année, avant le début de l'agression de l'Ukraine. «Veronika est propriétaire de plusieurs célèbres publications russes et auteure de best-sellers de recettes de cuisine.» Selon le journaliste français Vincent Glad, sur Twitter, elle vit actuellement à Monaco.
Elle tient également un blog de cuisine très suivi, dans lequel elle partage ses petites trouvailles culinaires et côtoie régulièrement les grands chefs européens des fourneaux et «organise des voyages gourmands dans le monde entier».
Lorsqu'elle était âgée d'une vingtaine d'années, Veronika gérait une agence de publicité et travaillait notamment avec le bureau de Channel One à Saint-Pétersbourg. Elle a ensuite épousé un riche banquier russe. Son nom? Boris Belotserkovsky. Ils ont divorcé après dix-sept ans d'union.
Sur son compte Instagram, avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, on pouvait tomber sur des photos plutôt inoffensives d'elle-même, de son chat, de nourriture et de voyages. Ce n'est que fin février que «Belonika» a commencé à s'exprimer politiquement sur le conflit.
Lundi, son compte Instagram était toujours ouvert (et très actif). En réaction à cette condamnation par contumace, Veronika a posté une story joyeusement sarcastique, lundi après-midi. Sur l'image, une table de brunch plutôt gourmande et bien servie (bonjour la France), accompagnée d'un GIF mettant en scène un gardien de prison. A table!