La radio-télévision canadienne CBC va devoir faire ses bagages: mercredi, la Russie a fermé son bureau de Moscou et a annulé les accréditations et visas de ses journalistes.
Des représailles assumées après l'interdiction de diffusion de la chaîne pro-Kremlin RT au Canada. Trois semaines plus tôt, Moscou a fait subir le même sort au média allemand Deutsche Welle et fermé son bureau.
Le groupe canadien CBC/Radio-Canada avait annoncé début mars suspendre «temporairement» le travail de ses journalistes en Russie. Il avait été passablement refroidi par la nouvelle loi prévoyant des peines de prison, en cas de diffusion d'«informations mensongères sur l'armée» au sujet de l'offensive russe en Ukraine.
Lors de son briefing hebdomadaire, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a accusé le gouvernement canadien d'avoir «adopté un cours (politique) ouvertement russophobe».
Zakharova a, en outre, dénoncé le soutien du Canada à l'Ukraine, avant et depuis l'offensive russe contre son voisin.
La décision n'a pas manqué de faire vivement réagir le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui a dénoncé sur Twitter:
Par sa décision d’expulser des médias canadiens de Moscou, Poutine tente de les empêcher de rapporter des faits et c’est inacceptable. Les journalistes doivent pouvoir travailler en toute sécurité – sans censure, intimidation ou ingérence. Le Canada défendra toujours ce principe.
— Justin Trudeau (@JustinTrudeau) May 18, 2022
Le Canada avait effectivement interdit mi-mars aux fournisseurs de services de distribuer les chaînes d'information russes RT et RT France, estimant que leur programmation n'était pas dans «l'intérêt du public».
L'UE a elle aussi interdit ces médias russes et d'autres, mais jusqu'ici Moscou n'a pas adopté de mesures de représailles équivalentes.
«Pourquoi nous? Il y a une guerre diplomatique avec le Canada en ce moment, c'est évident» a analysé la reporter Tamara Alteresco auprès de Radio Canada, alors que de grands médias étrangers, notamment des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France, n'ont pas (encore?) subi le même sort.
«La Russie voit le Canada comme une petite Ukraine. La Russie a des tensions diplomatiques avec le Canada depuis plusieurs années», a-t-elle analysé. (mbr/ats)