Joe Biden a «ignoré le chaos migratoire» selon une enquête
Sans doute savaient-ils que, plus d’une année après l’élection présidentielle, zoomer une énième fois sur les manquements de Joe Biden pourrait être perçu comme de l’acharnement. Toujours est-il que le New York Times a accompagné son enquête d’une note d’intention, expliquant pourquoi le journaliste Christopher Flavelle est arrivé à la conclusion que le président démocrate et ses conseillers ont «rejeté à plusieurs reprises les recommandations visant à endiguer cette immigration».
Alors que la sévère répression menée par Donald Trump depuis son retour au pouvoir fait couler beaucoup d’encre, cette enquête révèle dans les détails les failles opérationnelles et stratégiques au sein de l’administration Biden, qui ont donné un gros coup de pouce à la campagne du gourou MAGA.
Une administration qui était «confrontée à un défi de taille: gérer la crise frontalière tout en respectant des lois sur l'immigration obsolètes». En clair, en pleine crise Covid et économique, Joe Biden devait choisir entre écouter les démocrates du Congrès, qui exigeait une gestion «permissive» et assumer la réalité du terrain.
Un choix qui sera vite fait, avec notamment un moratoire de 100 jours sur les expulsions, la suspension immédiate de la construction du mur de Trump à la frontière avec le Mexique et la promesse d’une régularisation expresse de nombreux migrants installés illégalement aux Etats-Unis. Des décisions qui, selon des notes obtenues par le New York Times, avaient crispé un certain nombre de conseillers de Joe Biden qui tiraient pourtant la sonnette d’alarme en coulisses:
Pour parvenir à ce constat accablant, le NYT a en effet obtenu des documents et le témoignage de plusieurs huiles démocrates, de conseillers et d’acteurs stratégiques de l’époque, dont Scott Shuchar.
Et ça tire à balles réelles:
Par cette enquête, on apprend que la raison principale de la minimisation de la crise migratoire par le pouvoir en place était principalement politique. Après le premier mandat musclé de Donald Trump, qui avait tout entrepris pour dissuader les demandeurs d'asile, Joe Biden et les démocrates en général avaient la frousse que l’électorat progressiste et la communauté latino leur échappent s’ils décidaient de serrer la vis aux frontières.
Une erreur de jugement qui se manifestera largement dans les résultats électoraux de novembre 2024.
Biden fait la sourde oreille
Le 46e président des Etats-Unis a refusé les demandes d’interview du New York Times. En guise de réponse, une porte-parole de Joe Biden a publié une déclaration «accusant les républicains d’avoir bloqué le financement supplémentaire destiné à l’embauche de davantage d’agents frontaliers».
De plus, cette enquête met sur le gril la véritable influence de Kamala Harris dans ce dossier. Pourtant surnommée la «tsar des frontières» par Donald Trump durant la campagne présidentielle, «aucun des anciens responsables interrogés par le New York Times ne l'a décrite comme une décideuse centrale en matière de politique frontalière». Elle non plus n’a pas souhaité réagir.
De manière générale, l’administration Biden aurait été «un peu trop sensible aux menaces et critiques des progressistes», analyse enfin Cecilia Muñoz. Cette dernière avait «contribué à façonner la politique d’immigration sous l’administration Obama» et chapeauté la politique intérieure et économique pour l’équipe de transition de Joe Biden.
(fv)
