La Russie est en train de gonfler son arsenal. Devant des activistes militaires, Vladimir Poutine s'est récemment vanté de la croissance de l'industrie militaire et a évoqué le «front intérieur» russe. Actuellement, la guerre en Ukraine figure en tête de l'agenda de l'armée russe. Mais les récentes déclarations du président russe soulèvent une autre question par la même occasion: la Russie se prépare-t-elle à une éventuelle guerre avec l'Otan?
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Les services secrets estoniens partent de ce principe. Dans un nouveau rapport, ils avertissent que le réarmement de la Russie ne menace pas seulement l'Ukraine, mais aussi l'Otan.
Pour se défendre face à une attaque d'une armée de cette ampleur, les effectifs et les industries d'armement des alliés de l'Otan devraient donc être bien mieux préparés et équipés qu'ils ne le sont actuellement. Et l'organisation internationale devrait augmenter les livraisons d'armes à l'Ukraine, car le succès des efforts de réarmement de la Russie dépend en grande partie de la guerre actuelle.
Ces avertissements ont pour toile de fond la grande réforme militaire, en cours depuis un an en Russie. Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou s'est exprimé sur l'objectif d'augmenter le nombre de soldats russes à 1,5 million d'ici 2026. Actuellement, l'armée russe compterait environ 1,3 million de soldats. Un chiffre qui ne peut toutefois pas être vérifié.
Dans l'ouest du pays, Choïgou veut déployer de nouvelles troupes, dont un nouveau corps d'armée, c'est-à-dire une unité de dix mille hommes, dans la région de Carélie - donc juste avant la frontière avec la Finlande, membre de l'Otan. Les services secrets estoniens estiment qu'il est possible que le nombre de soldats russes près de leur propre frontière avec la Russie double dans les années à venir.
Même avec 1,5 million de soldats, la Russie serait encore loin d'une «armée de masse de type soviétique», comme le craint l'Estonie. En 1989, peu avant la chute de l'Union soviétique, ses troupes auraient compté environ six millions de soldats, selon des estimations américaines. Et si les services secrets estoniens mettent certes en garde contre le fait que la société russe «se militarise à tous les niveaux», l'Institute for the Study of War ne s'attend pas pour l'instant à ce que Poutine étende l'effort de guerre russe au niveau de la «mobilisation totale de l'Union soviétique».
Indépendamment de cela, les mises en garde contre le réarmement russe se multiplient parmi les alliés de l'Otan. Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a récemment déclaré qu'il considérait une attaque russe comme possible dans «cinq à huit ans». Son homologue danois Troels Lund Poulsen a revu cette estimation à la baisse la semaine dernière. Selon lui, la Russie sera déjà une menace réelle pour l'Otan dans trois à cinq ans.
La course à l'armement entre la Russie et l'Otan n'est pas nouvelle. En Allemagne, la production augmente. Lundi, la construction d'une nouvelle usine de munitions du groupe d'armement Rheinmetall a débuté à Unterlüss, en Basse-Saxe. L'usine doit pouvoir produire 200 000 munitions par an, les premiers obus devraient sortir des chaînes de production en 2025. Rheinmetall a expliqué que cette usine permettrait de «couvrir les besoins de l'armée allemande de manière indépendante à partir d'une production nationale» et, en cas de besoin, de fournir également des munitions à des États partenaires.
Mardi, le journal danois Dagens Nyheter a annoncé que les chaînes de production d'une usine finlandaise du fabricant de munitions Nammo fonctionneraient désormais 24 heures sur 24.
Pendant ce temps, les pays baltes préparent déjà leurs frontières à une attaque russe. Les ministres de la Défense de Lettonie, de Lituanie et d'Estonie se sont mis d'accord sur un plan de construction d'un vaste réseau de fortifications. Selon ce plan, les pays veulent construire 600 bunkers. A elle seule, l'Estonie partage avec la Russie une frontière de plus de 300 kilomètres.