«C'est quoi cette merde, encore?» Une fois sur le site internet de «Punish Putin», c'est à peu près la seule réaction instinctive que l'internaute moyen peut avoir. Sur la page d'accueil, on découvre le maître du Kremlin recroquevillé au fond d'une cellule, pieds nus, menotté et affublé d'une tenue de tôlard orange. En haut à gauche, le logo de la très sérieuse Cour pénale internationale (CPI).
Canular ou campagne officielle? Un curieux mélange des deux. Le site «Punish Putin» propose pas moins de trente-six alternatives pour faire payer (cher) le président russe pour ses crimes de guerre en Ukraine. Chaque torture est accompagnée d'une courte vidéo de mise en situation, bricolée grâce à la technologie du deep fake.
Si le site internet s'exprime plus d'une fois au nom de la CPI, cette étrange campagne est l'œuvre d'un activiste allemand passablement controversé. Planqué derrière la structure «Political Beauty», Philipp Ruch n'en est d'ailleurs pas à sa première provocation. En 2017, il avait construit un «petit» Mémorial de l'Holocauste devant la propriété de l'élu allemand d'extrême droite Bjorn Höcke.
Officiellement artiste, frontalement militant et volontairement sulfureux, l'individu va aujourd'hui jusqu'à affirmer que la CPI offrira un million de roubles à celui qui parviendra à «localiser l'idiot» (Poutine, donc)
Mercredi, le site annonçait déjà plus de deux millions de votes et les Suisses ne seraient pas en reste. Parmi les trente-sept possibilités, envoyer Poutine au front, l'enfermer, le condamner à des travaux d'intérêt général et le faire bouffer par un requin sont dans le top 4. C'est relativement doux, comparé à certaines alternatives. Vous pouvez effectivement choisir de grignoter son cerveau, le torturer sexuellement, le décapiter, le brûler ou encore le couper en deux.
Cette campagne n'est pas seulement virtuelle. Les militants de ce «Center Political Beauty» ont également déployé des «camions de transport de prisonnier», notamment dans plusieurs villes d'Allemagne.
«Punish Putin» est d'abord une critique ouverte contre la CPI, que Philipp Ruch considère trop couarde pour agir rapidement contre «ce dictateur et criminel de guerre.» Comment la Cour pénale internationale accueille cette fronde? Contactée par watson, la CPI confirme qu'elle n'a «rien à voir avec le site en question» et condamne «l'utilisation illégale de son nom et de son logo».