Des responsables russes ont émis à plusieurs reprises des menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire en Ukraine en cas d'escalade significative du conflit. Dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, le Bélarus est frontalier de l'Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie.
«Il n'y a rien d'inhabituel ici: les Etats-Unis font cela depuis des décennies. Ils déploient depuis longtemps leurs armes nucléaires tactiques sur le territoire de leurs alliés», a déclaré Vladimir Poutine lors d'une interview diffusée à la télévision russe. «Nous avons convenu de faire de même», a-t-il ajouté, disant avoir l'accord de Minsk.
«Nous avons déjà aidé nos collègues bélarusses et équipé leurs avions (...) sans violer nos engagements internationaux en matière de non-prolifération des armes nucléaires. Dix avions sont prêts à utiliser ce type d'arme», a poursuivi Poutine, selon lequel Moscou a aussi transféré des missiles Iskander. Il ajoute:
Le Bélarus ne prend pas part directement au conflit en Ukraine mais Moscou s'est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kiev l'année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes.
Selon Poutine, cette décision a été motivée par la volonté de Londres d'envoyer des munitions à uranium appauvri à l'Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique.
Poutine a menacé de recourir également à ce type d'obus si Kiev venait à en recevoir:
Il a qualifié ce type d'obus d'arme parmi «les plus dangereuses» et qui «génère ce que l'on appelle des poussières de radiation».
La vice-ministre britannique de la Défense Annabel Goldie avait confirmé lundi que le Royaume-Uni fournirait à l'Ukraine des obus à uranium appauvri, efficaces contre les chars et les autres véhicules blindés.
Le président russe a également dit samedi considérer que les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine, vitales pour l'effort de guerre de Kiev, étaient une «menace» pour la Russie.
Il s'est toutefois félicité des progrès de l'industrie de l'armement russe, qui sera selon lui capable de produire 1600 tanks dans les trois prochaines années, ce qui permettrait à l'armée russe d'en avoir «plus de trois fois plus» que son adversaire.
Lors de récentes négociations à Moscou entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, les deux dirigeants avaient énoncé dans une déclaration commune qu'une guerre nucléaire «ne doit jamais être déclenchée», car «il ne peut y avoir de vainqueurs».
Plusieurs responsables russes, dont l'ancien président Dmitri Medvedev, ont toutefois menacé l'Ukraine et les Occidentaux de l'arme nucléaire depuis le début de l'offensive russe lancée le 24 février 2022.
La Russie a en outre suspendu le mois dernier l'important traité de désarmement nucléaire New Start signé avec les Etats-Unis, bien qu'elle ait promis de respecter la limitation de son arsenal nucléaire jusqu'à la fin effective de cet accord le 5 février 2026.
Vladimir Poutine avait accusé l'année dernière l'Ukraine de vouloir se doter d'une «bombe sale», une arme constituée d'explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés en poussière au moment de l'explosion.
L'Ukraine et ses alliés occidentaux avaient condamné ces allégations et accusé la Russie de jouer l'escalade nucléaire.
La doctrine nucléaire russe ne prévoit pas l'utilisation préventive par la Russie de l'arme nucléaire, mais seulement en réponse à une attaque envers elle ou ses alliés, ou en cas de «menace sur l'existence même de l'Etat». (chl/ats)