La plus grande mobilisation contre le réchauffement climatique se profile à l'occasion de la COP26. Pourtant, dans le même temps, le climat lui, continue de se dégrader. D’après le dernier rapport de l’OMM, un nouveau record de pollution a été atteint. Aujourd’hui, cette hausse des concentrations de gaz à effet de serre compromet les objectifs de température fixés par l’Accord de Paris sur le climat.
Mais alors comment s'en sortir ? À la veille de la COP26, on a fait le point avec Sonia Seneviratne, climatologue à l'EPFZ et co-autrice du rapport sur les changements physiques du climat.
«Je pense que c’est une question d’inertie. Il y a eu une faible baisse des émissions liée à la pandémie, mais ces émissions continuent d’avoir lieu. Il y avait également une situation géopolitique particulière avec Donald Trump qui a bloqué le processus. Mais il y a également de forts enjeux financiers, des lobbies touchés par la décarbonisation qui résistent. Malgré tout, on n’a plus le choix, il faut absolument diminuer ces émissions.»
«L'impact a été limité. Les émissions ont diminué de 6% environ, mais tant que des émissions de CO2 ont lieu, les concentrations continuent d'augmenter. C'est pour cela que les concentrations de CO2 ont atteint un niveau record.»
«Le trafic automobile contribue aujourd’hui à 32% des émissions en Suisse. L’idéal serait d’avoir zéro voiture à essence aussi vite que possible si l'on veut être compatible avec une stabilisation du réchauffement climatique. L’autre secteur clé, c’est celui du chauffage, car il existe des alternatives. En Suisse, il y a encore beaucoup d’exemples d’utilisation du mazout et de gaz. Il faut absolument passer à des pompes à chaleur et à la géothermie partout.»
«Oui, je pense que c’est possible. D’un point de vue scientifique et géophysique, il n’y a rien qui nous empêcherait de trouver des alternatives. C’est une question de décision sociétale et il faut que tous les acteurs de la société se mettent derrière ce but puisque nous avons une urgence climatique. Laisser tomber n’est pas une option. Il en va de notre avenir, de l'avenir de nos enfants, on ne peut pas se permettre de baisser les bras.»
«Je pense que ça peut être la dernière chance d'arriver à stabiliser le réchauffement climatique autour de 1.5 degré, mais la fenêtre d’action se ferme très rapidement. Par ailleurs, si des décisions marquantes ne sont pas prises à cette COP26, je ne comprends pas comment on pourrait espérer que les prochaines COP puissent atteindre les objectifs fixés.»
«Il n'y a pas de raison d'être défaitiste, parce qu'en fait, on a toutes les clés en main pour réaliser cette transition énergétique. Les énergies renouvelables existent, elles sont bon marché désormais, c'est très différent d'il y a 20 ans. Il est essentiel d'agir maintenant, disons à la COP26, mais aussi à plus petite échelle. Il y a des initiatives qui peuvent être faites à tous les niveaux, au niveau des cantons, au niveau des communes. Je pense que c'est important que chacun se sente responsable d'initier cette transition énergétique.»