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Covid, drogue, cadavres: pourquoi les chiens peuvent tout détecter

Le lévrier parvient à flairer les coronavirus.
Le lévrier parvient à flairer les coronavirus.Image: keystone

Covid, drogue, sang, cancers: pourquoi leur truffe a autant de chien

La truffe du chien est un organe capable de détecter la plus infime des odeurs. Même le Covid n'y résiste pas, selon une étude publiée la semaine dernière. Mais comment diable nos animaux à quatre pattes font-ils pour être aussi infaillibles?
25.05.2021, 06:1925.05.2021, 06:27
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Après la drogue, les explosifs, les punaises de lit, les cancers, les billets de banque ou encore les cadavres, voilà que les chiens sont capables de détecter le Covid avec une précision de 97%. Soit aussi bien que les tests PCR. C'est le résultat d'une étude menée par l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort (F) et publiée la semaine passée.

Pour repérer le virus, les animaux ont flairé des compresses qui avaient été passées durant deux minutes sous les aisselles des patients. Oui, beurk, mais n'oublions pas que nos amis à quatre pattes reniflent régulièrement l'arrière-train de leurs congénères.

On rigole, mais force est de reconnaître que les capacités olfactives des chiens sont épatantes. Malgré vingt ans de travail dans le domaine, Christophe Ehinger, chef de la brigade canine de la gendarmerie vaudoise, est d'ailleurs toujours aussi impressionné par le flair de ces animaux. Entretien.

Que les chiens soient capables de détecter le Covid avec un taux de réussite de 97%, ça vous surprend?
Christophe Ehinger:
Non, ça ne me surprend pas au vu de la technique utilisée. Dans d'autres domaines, pour réussir l'examen final, il faut répéter 100 fois l'exercice sans se tromper.

Pourquoi est-ce que le flair canin est aussi extraordinaire?
C'est lié à leur anatomie. Déjà, à la base, ce sont des animaux qui ont 250 millions de cellules olfactives. Quand ils sont en mode flairage, ils peuvent orienter 95% de l'air qu'ils aspirent dans l'appareil olfactif. Il n'y a que 5% de l'air qui est utilisé pour leur survie, via la respiration. Toutes les molécules aspirées vont donc être analysées. Par ailleurs, le chien a, naturellement, un répertoire olfactif qui correspond à son environnement, mais tous les 30 jours, il renouvelle ses cellules olfactives. Grâce aux exercices qu'on leur fait faire, leur cerveau va donc ordonner de multiplier les récepteurs dont ils ont le plus besoin pour repérer les odeurs recherchées.

«Contrairement à son maître, le chien ne va pas faire de déduction, il ne va utiliser que l'odeur»

Justement, comment faites-vous pour les entraîner à signaler uniquement l'odeur qui vous intéresse?
Le chien vit vraiment dans l'instant présent. Ce qu'il faut, c'est qu'au moment où il est confronté à l'odeur qu'il doit identifier, cela lui soit signalé avec une quittance positive. Pour cela, on utilise un clicker et une récompense comme quelque chose à manger ou un jouet, en fonction des préférences du chien. La première étape, c'est de lui faire mémoriser l'odeur. Donc à chaque fois qu'il est en contact avec, on quittance. Le but, c'est que l'animal associe l'odeur avec un signal positif. Ensuite, on va travailler sur le comportement que l'on veut que le chien adopte pour désigner ce qu'il a trouvé: s'asseoir, aboyer, se figer, se coucher. Ça, ça dépend du domaine dans lequel on travaille. Par exemple, si on recherche des explosifs, on va demander au chien de s'asseoir, ce qui amène mécaniquement un mouvement de recul, parce qu'on veut absolument éviter tout contact.

Concrètement, comment se déroule ce conditionnement?
On les prend quand ils sont chiots pour leur apprendre l'obéissance de base, mais on attend que le chien ait deux ans pour qu'il ait fini son adolescence et qu'il soit plus concentré. On travaille durant dix jours sur la phase de mémorisation d'une odeur, puis on fait une pause d'un mois et on retravaille dix jours sur le processus de désignation et la conduite avec le maître. Ensuite, l'animal va bien sûr s'entraîner toute sa carrière et, plus il pratique, plus il développe ses cellules olfactives. Un chien expérimenté aura donc besoin de moins d'odeur pour identifier la matière.

«Un chien peut travailler jusqu'à huit ou dix ans, ses capacités olfactives ne diminuent que très peu avec l'âge»

Comment peut-on être sûr qu'ils sont fiables? Ils n'ont pas la parole pour confirmer...
Si le conditionnement est bien fait, ils n'ont aucune raison de se tromper. À mes yeux, c'est principalement une question de loyauté envers leur maître. Après, des erreurs peuvent arriver avec des odeurs extrêmement proches ou si le comportement du maître change, par exemple s'il est stressé quand il passe de l'entraînement à une intervention réelle. Le chien va le sentir, ce qui va créer de l'insécurité chez lui. Pour se rassurer, l'animal va chercher à faire plaisir à son maître, ce qui va perturber le travail.

Il y a d'autres domaines où le flair des chiens pourrait s'avérer utile dans le futur?
Je pense que cela va se développer dans le milieu médical notamment. De plus en plus de chiens sont utilisés pour détecter certains cancers. Encore cette semaine, nous avons été contactés par un hôpital universitaire suisse qui s'intéresse aux pertes pré-accouchement, je suppose pour anticiper les naissances prématurées. Au sein de la police, les nouveaux usages vont essentiellement dépendre de l'évolution délictueuse et de ce qu'on a besoin de détecter. Avant, par exemple, on recherchait uniquement le sang et les cadavres mais, depuis deux ans, on a ajouté le sperme parce qu'il est difficilement détectable par des moyens techniques traditionnels.

PS: Oui, les maladies ont une odeur. La tuberculose sentirait la bière, par exemple.


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