Le groupe Nestlé est dans le viseur d'un collectif d'organisations non gouvernementales (ONG) pour être un des principaux annonceurs de la télévision d'État biélorusse, alors que le régime de Minsk se trouve depuis des mois dans le collimateur de la communauté internationale pour ses violations répétées des droits humains.
Dans une lettre ouverte adressée à l'ancien patron de la multinationale veveysane et actuel président Paul Bulcke et à son successeur Mark Schneider, signée par une cinquantaine d'ONG, l'association de défense des droits humains Libereco rappelle que depuis l'été 2020, plus de 40 000 personnes ont été arrêtées pour des motifs politiques dans l'ex-république soviétique.
L'ONG zurichoise signale qu'un spot publicitaire sur trois diffusés par la télévision d'Etat biélorusse est associé à un produit du groupe.
Sollicitée mardi par AWP, la direction du colosse agro-alimentaire dit «suivre de très près l'évolution de la situation en Biélorussie» et assure avoir déjà réduit «de manière significative» son budget publicitaire dans le pays.
Nestlé, par le biais d'une porte-parole, a assuré que l'objectif du groupe «est et reste de fournir à la population biélorusse des aliments sûrs, nutritifs et abordables».
A l'image du récent cas du journaliste biélorusse Roman Protassevitch, arrêté le 23 mai avec sa compagne lors du détournement d'un avion de ligne européen par Minsk, de nombreux opposants au régime sont régulièrement forcés d'avouer leur culpabilité à la télévision d'État.
Libereco appelle Nestlé à cesser immédiatement «toute activité publicitaire dans les médias biélorusses contrôlés par l'État, et ainsi le financement de la propagande d'un régime criminel».
La multinationale veveysanne, par le biais de sa communicante, explique: «L'absence de canaux alternatifs et notre large portefeuille de produits ont conduit à une présence visible des marques Nestlé sur les chaînes de télévision nationales du pays.»
Le groupe est présent dans l'ancienne république soviétique depuis une trentaine d'années, où il dispose depuis 2001 d'une représentation juridique, mais d'aucun site de production. (ats)