C'est devant tout le gratin de l'économie mondiale, réuni lundi au cœur des montagnes grisonnes pour le Forum économique mondial (WEF), que le président ukrainien a donné l'un de ses (innombrables) discours depuis le début de l'offensive. Ovationné à deux reprises par la foule enthousiaste, il a débuté sa prise de parole virtuelle par... une mise en garde:
Accusant la Russie d'être un «Etat criminel, de criminels de guerre», le président ukrainien a dit qu'il ne serait pas surpris si Moscou utilisait l'arme chimique ou nucléaire.
Outre ces sinistres spéculations, Zelensky a formulé quelques attentes plus concrètes à l'égard de la Suisse: œuvrer pour la création d'un corridor qui permette d'exporter à nouveau davantage de blé ukrainien.
Et dans le cas contraire? «La pénurie aura des effets» sur de nombreuses régions. Et elle viendra s'ajouter à la crise énergétique observée ces derniers mois.
L'ouverture du Forum a également été marquée par l'intervention du maire de Kiev, Vitaly Klitschko. Lequel a réclamé, pour sa part, des sanctions supplémentaires et un arrêt total des affaires entre la Suisse et la Russie. C'est de l'argent du sang qui va directement dans l'armée russe, a-t-il dénoncé.
Pour le maire de Kiev, c'est évident: la Suisse doit choisir son camp:
De son côté, le président de la Confédération, Ignazio Cassis a défendu sa vision et son approche de «neutralité collaborative», conforme aux intérêts de la Suisse. Selon lui, neutralité et sanctions envers la Russie ne sont pas incompatibles. «Le droit international est plus fort que l'assujettissement, le droit l'est davantage que la force», a-t-il insisté.
Ignazio Cassis a également précisé que la guerre en Ukraine ou encore la pandémie de Covid ont achevé de mettre un terme à la «sécurité apparente» qui était «trompeuse» depuis l'après-Guerre froide. Celle-ci «nous pousse à sous-estimer nos vulnérabilités», a-t-il aussi dit.
Une chose est sûre: rendez-vous est pris les 4 et 5 juillet prochains au Tessin, à Lugano. Une conférence très attendue par les présidents suisse et ukrainien et dont Ignazio Cassis et Volodymyr Zelensky attendent beaucoup.
Quarante Etats et 18 organisations internationales se réuniront pour la première fois afin de parler de l'Ukraine. Dans quel but? Lancer la reconstruction du pays au niveau international.
«Les guerres ont toujours leurs conséquences» et «il serait impardonnable d'attendre davantage», a affirmé le président de la Confédération.
«J'espère que nos pays partenaires et les grandes entreprises du monde pourront faire leurs propres propositions», a indiqué pour sa part Volodymyr Zelensky, qui a insisté sur le fait qu':
Le président ukrainien envisage un modèle où chaque pays pourra accompagner une région ukrainienne. Certains ont déjà démarré ce dispositif.
Il a aussi profité pour défendre sa plateforme participative «United24», lancée il y a deux semaines, qui est censée financer la guerre et la reconstruction. Plus largement, le président ukrainien veut à l'avenir une coalition mondiale d'Etats prêts à aider rapidement ceux qui seraient victimes de désastres ou d'agressions comme celle de la Russie. Une approche de «nouvelles garanties de sécurité» mondiales.
Et comme ce forum se centre avant tout sur des considérations économiques, Ignazio Cassis a esquissé trois scénarios possibles pour la scène internationale:
(mbr/ats)