La voix des femmes afghanes va peut-être pouvoir s'installer en Suisse
L'ex-plus jeune maire afghane, voix des femmes, va peut-être s'établir en Suisse, a appris Keystone-ATS. Des efforts sont en cours pour un permis spécial. De passage mardi à Genève, Zarifa Ghafari s'attend à ce que les talibans restent «pendant des années».
«Ce n'est pas mon gouvernement», dit la jeune femme de 29 ans, qui était de 2019 à juin dernier maire de Maydan Shahr, au sujet des nouveaux patrons de l'Afghanistan.
Les femmes absentes du gouvernement des talibans
Le porte-parole des talibans a dévoilé, mardi à Kaboul, la liste de tous les ministres. Leur nombre s'est élargi notamment à un membre de la minorité hazara, mais sans présence féminine. Autre absence significative, le ministère des femmes n'est pas reconduit.
Depuis des décennies, les plus grandes victimes des violences sont les femmes, mais ce sont les hommes qui sont toujours avantagés, insiste celle qui a aussi travaillé pour le ministère de la Défense.
«Je suis prête à parler avec les talibans»
Depuis son arrivée en Allemagne, il y a quelques semaines via le Pakistan, un moment très difficile pour elle, la jeune élue a multiplié dans les médias internationaux les appels pour les femmes afghanes, demandant à la communauté internationale de négocier avec les talibans.
- Un message qu'elle a répété aussi à Genève lors des Peacetalks, à l'occasion de la Journée internationale de la paix;
- Selon Zarifa Ghafari, la communauté internationale a exclu les Afghans des récentes discussions et doit faire pression sur le Pakistan pour qu'il pousse son voisin à négocier;
- Récemment, une résolution devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, portée par Islamabad, avait provoqué de nombreuses critiques, en raison de l'absence de toute demande d'investigation internationale sur les violations des droits humains par les talibans.
S'établir en Suisse pour pouvoir parler
L'activisme de l'ancienne maire pourrait, d'ailleurs, bientôt se faire plus durablement depuis la Suisse. L'Allemagne a attribué à Ghafari le statut de réfugié, mais la jeune femme souhaite pouvoir œuvrer et parler librement. Jeudi, elle se rendra à Berne avec son entourage suisse pour plaider sa cause devant plusieurs parlementaires.
L'objectif est d'obtenir un permis spécial, et des membres de plusieurs commissions sont à la manoeuvre. Mais la jeune femme ne pense pas rester en Suisse pendant des années:
La douleur de voir son pays sombrer
Attaquée à plusieurs reprises par les talibans, elle porte la douleur d'avoir vu son père, un ancien officier de l'armée afghane, tué par ces islamistes il y a quelques mois. Et celles d'une blessure, dans un bombardement qui la visait il y a deux ans, qui l'empêche de rester debout trop longtemps.
Mais, elle ne pense pas actuellement à sa sécurité personnelle. Elle regarde en permanence «ces vidéos, ces images et ces photos sur les réseaux sociaux» de la situation dans son pays. Elle déplore la situation financière, les exécutions ciblées, la pauvreté, «les pertes».
Mardi dans l'après-midi, plusieurs dizaines d'Afghans ont manifesté sur la Place des Nations à Genève. «Sauvez l'Afghanistan», affichait une banderole. «Nous voulons la justice», demandaient les personnes rassemblées. (ats/jch)
