En novembre 2020, Malika Gavin n'a pas su résister à l'appel du grand large... Mais la mer ne lui suffisait pas. Elle voulait aussi avoir à ses côtés sa sœur cadette Cindy, établie à l'Ile Maurice depuis trois ans, et Gilberte, sa maman de cœur mauricienne, nounou des deux filles Gavin à Lausanne quand papa et maman travaillaient beaucoup. Le choix de cette quadra aventureuse, âme nomade et sensible à tout ce qui touche aussi bien à l'humain qu'aux animaux, s'est naturellement porté sur l'Ile Maurice.
Un pays où elle venait régulièrement en vacances en famille depuis l'enfance. Après près de dix ans dans la grisaille vaudoise, le besoin d'ailleurs, de soleil et de plages de la prof de yoga libre comme le vent n'avait d'égal que son envie de garder le lien avec ses élèves. C'est pour concilier tout ça que le concept Yoga by the oceans a vu le jour.
«Pour atteindre mon objectif de quitter la Suisse sans quitter mes élèves, j'ai lancé une plateforme en ligne avec Yannick Bernardo, mon meilleur ami. Je m'occupe des cours pratiques et physiques. Lui, de l'aspect philosophique», explique Malika lors d'une conversation vidéo avec watson. «Elle a le don d'entreprendre beaucoup de choses, mais elle n'aime pas agir en solo. Elle prend des personnes avec elle, les fait évoluer et les rend meilleures. Mais elle ne se laisse pas faire. Malika, c'est un bulldozer au grand cœur», témoigne Yannick Bernardo, infirmier trentenaire et prof de yoga en formation. Si lui est basé au Mont-sur-Lausanne (VD), Malika, elle, organise ses séances au bord de l'océan indien, avant de les mettre en ligne à disposition de ses élèves, essentiellement répartis entre la Suisse, la France et Maurice.
Les cours sont enregistrés et mis en ligne à disposition des élèves. Pourquoi pas en live? «Il fait beau presque tous les jours, mais dans cette île tropicale, la météo peut changer très rapidement. Je préfère faire mes cours quand le temps est top», explique Malika Gavin. C'est dans ce décor idyllique qu'un expatrié français couché sur la plage lui a glissé: «Vous avez un sacré bureau». Un rappel à une évidence qui la touche en plein cœur. «En effet, j'ai le plus beau bureau du monde», s'enthousiasme la Lausannoise.
Pharmacienne d'une quarantaine d'années, Vanessa Périnat Bard revient de loin. «J'ai été opérée d'une hernie discale foudroyante en 2016. J'avais perdu la mobilité et j'avais de vives douleurs. J'ai commencé le yoga avec Malika avant son départ de la Suisse et j'ai continué avec elle. Aujourd'hui, j'ai retrouvé la mobilité. Je n'ai plus aucune douleur et je dirige une entreprise de produits cosmétiques. Impressionné par ma métamorphose, mon mari vient de faire, dimanche, sa première séance de yoga avec une vidéo de Malika.»
Malika (Reine en arabe) s'investit aussi pour le bien-être des chiens errants de Maurice avec sa sœur Cindy, qui y a créé le refuge Indie's world. Une association éponyme est née en Suisse environ un an après la création du refuge. «À Maurice, il y a eu une énorme population de chiens errants et en souffrance. L'association en a recueilli plus de 100.
Des chiens ont même été adoptés en Suisse», fait remarquer la Lausannoise, dont un demi-millier d'abonnés suivent les activités sur Instagram ou encore Facebook. Gamma, un chiot abandonné, qui aura un an en octobre, a ainsi quitté Maurice pour se retrouver chez Mélissa, une étudiante fribourgeoise de 23 ans. Après trois mois, l'intégration semble bien se passer. «C'est une guignole, énergique, maladroite, mais super attachante», rigole la jeune femme. Luna, une chienne de 1 an et demi, a aussi été adoptée à Trélex (VD). «Les débuts ont été un peu durs. Mais maintenant, c'est bon. Elle est affectueuse et obéissante et s'entend bien avec mon autre chien», constate avec satisfaction sa propriétaire vaudoise âgée de 28 ans.
Le yoga n'occupe qu'un pan de la quadra «fortement attachée à l'essentiel». Boule d'énergie et de générosité de 165 cm pour 56 kg, dont l'épanouissement passe par l'altruisme et le don de soi, Malika s'est aussi engagée dans un projet pour une future organisation non gouvernementale. L'objectif est d'offrir de nouvelles perspectives à des enfants en situation difficile, en leur permettant de découvrir de nouvelles activités en dehors des heures de cours. «De la plongée, du yoga et un éventail d'activités en lien avec la nature leur seront proposés», précise-t-elle.
De Cugy (VD), Marinette suit avec attention les aventures mauriciennes de ses filles. La sexagénaire, référente sociale dans les appartements protégés d'une fondation, savoure délicieusement la complicité des deux sœurs et leur fibre altruiste. «Elles me manquent énormément, mais je suis très fière d'elles. Déjà en Suisse, Malika partageait des cours de yoga avec des personnes atteintes du cancer», salue-t-elle. A un an de la retraite, elle se réjouit de pouvoir faire bientôt des «séjours plus longs et plus fréquents» pour revoir ses filles et Gilberte, l'ex-nounou devenue membre de la famille.
Malika, elle, ne se projette que très peu dans le temps. Son crédo: «vivre chaque instant comme si c'était le dernier jour». Le tatouage est une autre passion qui la suit depuis ses 18 ans. D'ailleurs, son corps est un tableau d'art ambulant. Un tableau dont les images indélébiles illustrent ses peines et ses joies. «C'est le cycle de la vie», philosophe celle que ses élèves considèrent comme «un rayon de soleil». À Lausanne comme à Maurice.