Pas de désescalade annoncée lundi soir, au terme de la journée de négociations entre Washington et Moscou à Genève. Les deux délégations ont cherché pendant huit heures à mieux comprendre revendications et objections.
Cette session extraordinaire, qui suivait le dialogue entamé en juin dernier entre Joe Biden et Vladimir Poutine, a eu lieu dans un climat tendu. En effet, les Occidentaux reprochent à Moscou d'avoir massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière orientale de l'Ukraine. De plus, Washington est inquiet de l'aide russe pour réprimer les manifestations au Kazakhstan où plus de 160 personnes ont été tuées et des milliers ont été arrêtées.
Lundi, le président de la Confédération Ignazio Cassis a abordé la situation dans cette zone par téléphone avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Alors, quid du bilan des négociations?
Les Américains se disent prêts à discuter de concessions réciproques sur la sécurité.
Les discussions ont été «franches» et «directes», a insisté la numéro deux de la diplomatie américaine. Pour autant, aucune avancée importante n'a été observée.
Wendy Sherman a exprimé à son homologue russe, le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, que son pays était prêt à discuter d'un effort réciproque sur les missiles, de même que sur les exercices militaires.
Sur l'Ukraine, la secrétaire d'Etat américaine adjointe a dit ne pas avoir reçu de «réponse» à la demande de «désescalade». Aucune avancée ne sera possible sans amélioration pour la population russophone de l'Est de l'Ukraine, selon elle.
Washington reste prêt à tout scénario. «C'est au président Poutine de décider», ajoute Sherman. En cas d'attaque, des sanctions économiques et financières, de même qu'une augmentation de l'assistance militaire à l'Ukraine, sont en discussion. Les coûts pour Moscou seront «significatifs» et «conséquents», a affirmé la secrétaire d'Etat adjointe.
Lundi, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a estimé que l'Ukraine a «le droit de se défendre» contre la Russie. Ce pays est toujours confronté à des affrontements dans l'est entre les forces armées et les séparatistes pro-russes.
Sur l'OTAN, les Etats-Unis répètent qu'ils ne peuvent décider à la place d'un autre Etat si celui-ci souhaite rejoindre l'Alliance. Personne ne doit avoir «de droit de veto», a insisté Wendy Sherman. Mais sur ce point, Moscou est très claire: il faut des garanties que l'Ukraine et la Géorgie ne feront «jamais» partie de l'Alliance.
Toutefois, les Etats-Unis ne sont pas prêts à aborder des questions sécuritaires qui engagent leurs alliés sans eux.
Washington souhaite de nouvelles discussions «bientôt» pour aborder le fond. Mais pour une approche «constructive», «productive» et «couronnée de succès», il faut «qu'ils réduisent les tensions» en retirant leurs soldats, a encore affirmé Wendy Sherman.
De son côté, Moscou reproche aux Etats-Unis d'avoir suspendu le traité des forces nucléaires de portée intermédiaire (FNI) que Wendy Sherman se dit prête à relancer.
Si l'OTAN devait déployer de nouvelles armes de ce type en Europe, «cela demanderait une réponse immédiate de la partie russe» pour contrer cette menace, a insisté Sergueï Riabkov.
Depuis de nombreuses années, la Russie souhaite clarifier la situation sécuritaire dans l'est de l'Europe. Dans des propositions de traités, elle demande désormais des garanties que l'OTAN ne s'élargira pas à l'Ukraine, malgré les demandes répétées de ce pays, et le fait que les forces de l'Alliance atlantique dans son voisinage soient réduites.
Moscou dit ne pas vouloir attaquer Kiev, mais met en garde: il ne faut pas sous-estimer la menace d'une confrontation. Le déplacement de capacités «continuera» parce qu'il est requis pour maintenir la préparation des forces russes.
Les pourparlers de Genève seront suivis d'une séquence sur toute la semaine entre Occidentaux et Moscou. Un conseil OTAN-Russie, le premier en plus de deux ans, doit avoir lieu mercredi à Bruxelles, avant une réunion dans le cadre de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) jeudi à Vienne. Ensuite seulement, la poursuite des discussions pourra être décidée, a insisté la secrétaire d'Etat américaine adjointe. (ats/mbr)