Mini-polémique dans le monde germanophone: le footballeur du Bayern Münich, Joshua Kimmich, a déclaré qu'il n'était pas vacciné, ayant peur de risques à long terme.
Alors, fondée, la crainte du joueur? «Dans plus de 99% des cas, les effets secondaires d'un vaccin apparaissent immédiatement ou au plus quelques semaines après son administration», explique le virologue Didier Trono, contacté par watson. «Avec les vaccins Covid, des effets indésirables, pour la plupart sans gravité, ont été notés exclusivement dans les quelques jours», précise le membre de la task force Covid de la Confédération.
Pourquoi est-ce le cas? L'infectiologue Alessandro Diana, en pleine pause de 10h du congrès suisse de vaccination, décroche son téléphone pour détailler le fonctionnement de la technologie à ARN: «C'est en quelque sorte nos cellules qui produisent le vaccin. On sait que l'ARN-messager qui entre dans nos cellules, comme les autres messages produits par notre corps, est détruit en 48 heures. On sait aussi qu'il n'y a aucun risque pour qu'il s'intègre dans notre génome.» Pour l'expert à la plateforme d'informations validées Infovac, ces connaissances scientifiques permettent de dissiper la crainte d'une conséquence génétique à long terme.
Il en vient ensuite à la seconde crainte qu'on peut avoir: les anticorps induits par le vaccin peuvent-ils interagir avec d'autres parties de mon corps, comme les nerfs, créant par exemple une paralysie? «On a vu typiquement que la thrombose chez la femme de moins de 30 ans due au vaccin AstraZeneca, qui a une incidence de 8 personnes sur 100 000, est aussi peut-être liée à un processus auto-immun. C'est un vrai souci dans le monde vaccinal.» Or, on sait maintenant ceci:
Ainsi, sans surprise: «Les effets secondaires vaccinaux de type thrombose surviennent dans les quinze jours après la vaccination. La myocardite vaccinale chez les jeunes hommes de moins 30 ans due à la deuxième dose des vaccins ARN surviennent aussi dans les quinze jours.»
Impossible pour le spécialiste de certifier à 100% qu'aucun effet à long terme surviendra après un vaccin Covid après plusieurs mois. «Mais la probabilité qui s'appuie sur les données de la biologie est infiniment faible.»
Reste que, selon Alessandro Diana, «le questionnement du footballeur est légitime.» Le spécialiste des vaccins de rappeler que «nous avons affaire à une nouvelle technologie et que cela suscite forcément ces questions, qui nécessitent des réponses».
Selon lui, justement, il s'agit pour les milieux scientifiques, journalistiques et politiques de ne pas discréditer ces questions, mais au contraire de «les prendre au sérieux en y apportant des réponses.» Et notamment en disant tout ce que l'on sait déjà, ce qui est «une manière aussi de rassurer le public, plutôt que de donner l'impression de cacher des choses.» Dont acte.
Pour Didier Trono, il importe de revenir au fait que ce sont les effets à long terme du Covid-19 qui devraient inquiéter tout un chacun:
Ces cas s'appliquent en particulier aux infections au variant Delta, complète Alessandro Diana. «Prenons la thrombose chez la jeune femme de moins de 30 ans due au vaccin AstraZeneca. Chez une population générale non-vaccinée, ce risque est de 1 à 2 personnes sur 100 000. Mais il est six fois plus haut avec le variant Delta!» Idem pour la myocardite vaccinale chez les jeunes hommes de moins 30 ans avec l'ARN.