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Ukraine: «Mes amis ont déjà quitté le pays» témoigne une Russe

Sur la place Rouge à Moscou, il y a aujourd'hui moins de monde qu'avant le début de la guerre en Ukraine.
Sur la place Rouge à Moscou, il y a aujourd'hui moins de monde qu'avant le début de la guerre en Ukraine.Image: Alexander Zemlianichenko

«La plupart de mes amis ont déjà quitté le pays»: une jeune Russe raconte

Anna vient de terminer sa licence en sciences politiques à Saint-Pétersbourg. Face aux difficultés entraînées par la guerre, elle cherche à fuir en Europe occidentale. Tout sauf facile.
14.04.2023, 06:0605.05.2023, 11:47
Tomasz Sikora / ch media
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Lorsque Vladimir Poutine a annoncé, l'automne dernier, une «mobilisation partielle», cela a déclenché un véritable exode. Les images de kilomètres de bouchons aux frontières avec des pays voisins comme la Finlande ou la Géorgie ont fait la une des journaux du monde entier.

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Depuis, les embouteillages ont diminué. Notamment parce que des pays comme la Finlande ont quasiment rendu impossible l'entrée des Russes sur leur territoire. Mais l'exode se poursuit malgré tout. Anna en témoigne. Sous un faux nom, par peur de représailles.

La jeune femme a terminé sa licence en sciences politiques l'été dernier à Saint-Pétersbourg. «La plupart de mes amis ont déjà quitté la Russie ou sont sur le point de le faire», explique-t-elle. Anna elle-même tente actuellement de fuir pour l'Europe occidentale avec pour objectif de commencer une nouvelle vie.

Jeunes et hautement qualifiés

En Russie, il règne une ambiance très sombre, rapporte Anna. C'est presque comme pendant le pic de la pandémie, avec des rues et des magasins déserts. Et pourtant, il y a des différences:

«Ici, il n'y a presque plus d'enseignes internationales, et il y a beaucoup plus de femmes dans les rues, car les hommes ont peur d'être réquisitionnés au hasard»

Jusqu'à un million de Russes auraient quitté leur pays depuis le début de la guerre, soit un peu moins d'1% de la population. A titre de comparaison, environ huit millions de personnes ont quitté l'Ukraine durant la même période, soit un cinquième de la population.

La plupart des candidats qui prennent la route sont jeunes et hautement qualifiés. Les plus âgés sont presque les seuls à être favorables à la guerre, explique Anna. «Les autres se taisent par peur ou sont tout simplement bien trop occupés à survivre économiquement pour se casser la tête avec la politique.»

Les chiffres de l'émigration sont trompeurs. En effet, depuis le début de la guerre, les départs sont devenus beaucoup plus difficiles. Anna l'a également ressenti. Pour obtenir ses documents de voyage, elle a dû se lancer dans un véritable parcours du combattant bureaucratique auprès des ambassades étrangères.

Mais ce n'est pas le seul problème. On peut aujourd'hui voyager depuis la Russie dans beaucoup moins de pays qu'avant la guerre, alors que la demande de billets correspondants est identique ou même plus élevée.

«Les prix ont extrêmement augmenté. Beaucoup ne peuvent tout simplement pas se le permettre»

A cela s'ajoute la difficulté du paiement, car le système bancaire russe n'est pratiquement plus relié au système international.

Le secteur informatique souffre

On peut supposer que davantage de personnes auraient quitté la Russie si les départs n'étaient pas aussi difficiles. Le secteur informatique russe est particulièrement touché par l'exode. Selon les statistiques officielles, plus de 100 000 professionnels de l'informatique ont quitté la Russie l'année dernière. Cela correspond à environ 10% de tous les professionnels de l'informatique de toute la Russie.

Le marché du travail dans le domaine de l'informatique est tellement déserté que le gouvernement a dû agir. Les exigences pour l'obtention d'un permis de travail et de séjour ont été revues à la baisse, et ce de manière durable, comme l'a expliqué mi-mars une porte-parole du ministère de l'Intérieur.

Anna travaille dans les ressources humaines d'une société informatique depuis l'obtention de son bachelor. Elle ne peut pas s'imaginer rester en Russie. Elle n'avait pas l'intention de quitter définitivement le pays mais à long terme, elle souhaiterait se rapprocher de la politique, par exemple en travaillant dans une administration municipale. «Dans les circonstances actuelles, c'est inimaginable pour moi.»

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Video: watson
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