Les autorités talibanes ont procédé jeudi dans un stade de football dans l'est de l'Afghanistan, à l'exécution en public de deux hommes condamnés pour meurtre.
«Ces deux personnes ont été condamnées pour meurtre (...) après deux ans de procès par les tribunaux de ce pays, et l'ordre (d'exécution) a été signé» par le chef suprême du pays, Hibatullah Akhundzada, a déclaré à la foule un haut responsable de la Cour suprême, Atiqullah Darwish.
Les deux hommes ont été abattus de plusieurs tirs dans le dos chacun par un soldat taliban, dans un stade de la ville de Ghazni, où étaient rassemblés des milliers d'hommes venus assister aux exécutions. Les proches des victimes avaient décidé de renoncer à la possibilité d'exécuter eux-mêmes la sentence.
Les exécutions ont été ordonnées en vertu du principe islamique de «qisas» ou loi du talion, a confirmé la Cour suprême dans un communiqué. Les deux condamnés s'appelaient Saïd Jamal et Gul Khan, et avaient été reconnus coupables d'avoir poignardé à mort deux hommes en 2017 et 2022, selon la Cour.
Avant d'approuver leur condamnation à mort, le chef suprême a mené une «enquête extraordinaire» sur leurs dossiers, a certifié l'instance.
Deux exécutions ont déjà eu lieu depuis 2021, chaque fois pour meurtre. Lors de la dernière en date, en juin dans la province de Laghman (est), un homme condamné pour le meurtre de cinq personnes avait été exécuté par balle dans l'enceinte d'une mosquée, devant environ 2000 personnes.
Une première exécution publique avait eu lieu en décembre 2022 dans la province de Farah (ouest). Dans ce cas-là, le père de la victime avait lui-même abattu le meurtrier de son fils.
Pour les musulmans du monde entier, la charia fait office de code de vie, mais les interprétations varient en fonction des coutumes, de la culture et des écoles religieuses locales.
A leur retour au pouvoir, les talibans avaient promis de se montrer plus souples dans l'application de la charia, mais ils sont largement revenus à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir.
Leur gouvernement a été dénoncé par l'ONU pour avoir mis en place un «apartheid de genre» en multipliant les mesures liberticides à l'encontre des femmes, au nom de sa conception de l'islam.
L'Afghanistan est ainsi le seul pays au monde où l'éducation des filles est interdite après l'école primaire. Elles ont été bannies des écoles secondaires et des universités par les autorités talibanes. Les femmes sont aussi nombreuses à avoir perdu leur emploi dans le secteur public et elles n'ont plus le droit de se rendre dans les parcs, les gymnases ou les bains publics. (sda/ats/afp)