La garde à vue de Pavel Durov, le patron de la messagerie Telegram, a été prolongée dimanche soir à Paris. La justice française lui reproche de ne pas agir contre les utilisations délictuelles de sa messagerie par ses abonnés, notamment par absence de modération et de collaboration avec les enquêteurs.
Accompagné de son garde du corps et de son assistante qui le suivent en permanence, le milliardaire avait été interpellé samedi soir dans l'aérogare du Bourget, au nord de Paris.
Sont visés, entre autres, le refus de communiquer les informations nécessaires aux interceptions autorisées par la loi, la complicité de délits et de crimes qui s'organisent sur la plateforme (trafic de stupéfiants, pédopornographie, escroquerie et blanchiment en bande organisée) et la fourniture de prestations de cryptologie visant à assurer des fonctions de confidentialité sans déclaration conforme.
Emmanuel Macron a assuré lundi que l'arrestation de l'homme d'affaires, n'était «en rien une décision politique», rappelant que la France était «attachée à la liberté d'expression et de communication».
L'office chargé de la lutte contre les violences faites aux mineurs (OFMIN) avait émis un mandat de recherche contre Pavel Durov pour des infractions allant de l'escroquerie au trafic de stupéfiants, au cyberharcèlement, à la criminalité organisée en passant par l'apologie du terrorisme et la fraude, a expliqué une des sources proches du dossier.
La justice reproche à Pavel Durov de ne pas agir contre les utilisations délictuelles de sa messagerie par ses abonnés, notamment par une absence de modération et de collaboration avec les enquêteurs.
«Ça suffit l'impunité de Telegram», s'est félicité un des enquêteurs, étonné que le milliardaire, sachant qu'il était recherché en France, ait décidé quand même de venir à Paris. «Peut-être par sentiment d'impunité», a évoqué une des sources proches du dossier.
«Pavel Durov n'a rien à cacher et il voyage fréquemment en Europe», a assuré dimanche soir Telegram sur son propre canal. «Il est absurde de dire qu'une plateforme ou son patron sont responsables des abus» relevés sur ladite plateforme, a ajouté l'entreprise. «Telegram se conforme aux lois européennes, y compris le règlement sur les services numériques, son action de modération est dans la norme du secteur».
La messagerie en ligne lancée en 2013 par Pavel Durov et son frère Nikolaï, sur laquelle les communications peuvent être chiffrées de bout en bout et dont le siège social se trouve à Dubaï, s'est positionnée à contre-courant des plateformes américaines, critiquées pour leur exploitation mercantile des données personnelles. Telegram s'est notamment engagé à ne jamais dévoiler d'informations sur ses utilisateurs.
L'interpellation de Pavel Durov a suscité de nombreuses réactions internationales. «#FreePavel», a publié sur le réseau social X le patron de la plate-forme, Elon Musk. (mbr/jch/ats)