Un Libyen, soupçonné d'avoir assemblé et programmé la bombe de l'attentat de Lockerbie en Ecosse, est détenu par les Etats-Unis, selon les autorités américaines. L'attaque avait fait 270 morts en décembre 1988.
Un porte-parole du département de la Justice a confirmé l'arrestation et la mise en détention d'Abou Agila Mohammad Massoud, révélée par le parquet écossais:
Aucune précision n'a été donnée sur les circonstances entourant l'arrestation de Massoud. Selon le New York Times, il a été arrêté par le FBI et est en cours d'extradition vers les Etats-Unis.
«Les familles des victimes de l'attentat de Lockerbie ont appris que le suspect Abou Agila Mohammad Massoud est détenu par les autorités américaines», avait indiqué auparavant le parquet écossais:
Les familles des victimes ont salué cette arrestation, parlant d'un «pas important» dans leur quête de justice et disant «attendre avec impatience la tenue du procès».
L'attentat avait visé un vol transatlantique reliant Londres à New York. L'appareil, un Boeing 747 de la Pan Am, avait explosé le 21 décembre 1988 au-dessus du village écossais de Lockerbie, tuant les 259 passagers et membres d'équipage et 11 personnes au sol.
Une seule personne a été condamnée: le Libyen Abdelbaset Ali Mohamed al-Megrahi, décédé en 2012. Il a toujours clamé son innocence. Libéré en août 2009 par la justice écossaise, en raison d'un cancer en phase terminale, il avait reçu un accueil triomphal à son retour à Tripoli, suscitant une polémique en Grande-Bretagne, accusée d'avoir agi pour préserver un contrat pétrolier avec la Libye.
Le régime du dictateur libyen Mouammar Kadhafi avait reconnu officiellement sa responsabilité dans l'attentat de Lockerbie en 2003 et payé 2,7 milliards de dollars de dédommagement aux familles des victimes.
L'enquête avait été relancée en 2016, quand la justice américaine avait appris qu'Abou Massoud avait été arrêté après la chute du dictateur et aurait fait une confession aux services de renseignement du nouveau régime libyen en 2012.
En décembre 2020, 32 ans après le drame, la justice américaine avait annoncé poursuivre le suspect, ancien membre des services de renseignement de Mouammar Kadhafi et à l'époque détenu en Libye, l'accusant d'avoir fabriqué la bombe.
L'an dernier, la justice écossaise a rejeté l'appel formé par la famille de al-Megrahi, estimant qu'il n'y «avait pas d'erreur judiciaire». Elle avait aussi balayé la défense de la famille du condamné, qui estimait que des documents liés à l'affaire, que les autorités britanniques refusent de déclassifier, auraient permis d'aboutir à un verdict différent.
Ces documents mettraient en cause l'Iran, en représailles à un avion civil iranien abattu par un missile américain en juillet 1988 tuant 290 personnes.
L'avocat de la famille al-Megrahi, Aamer Anwar, a pour sa part dénoncé une nouvelle fois, dans un communiqué, une «erreur judiciaire» visant son client et dit «examiner ce que ces développements signifient en termes d'un nouvel appel potentiel». (ats/jch)