Un vieil homme est assis à la table de la cuisine. Il a les cheveux clairsemés et porte des lunettes rondes à monture dorée. En arrière-plan, on distingue des meubles de cuisine et une cuisinière à gaz du siècle dernier.
La scène ressemble à une image venue du passé. Pourtant, il s'agit peut-être de l'avenir de la Turquie. L'homme en question est Kemal Kilicdaroglu. A 74 ans, il se présente aux élections présidentielles du 14 mai comme candidat commun de six partis d'opposition contre le président sortant Recep Tayyip Erdogan.
Birleşeceğiz ve kazanacağız. Ama kime karşı? pic.twitter.com/iqmaxl1aUv
— Kemal Kılıçdaroğlu (@kilicdarogluk) March 20, 2023
Dans une vidéo Twitter enregistrée dans la cuisine de son appartement, Kilicdaroglu a exposé sa vision. «Nous allons vaincre Erdogan, c'est le plus facile de nos objectifs», a-t-il déclaré. Avant d'ajouter:
«Turcs, Kurdes, sunnites, alaouites, femmes avec ou sans foulard, droite et gauche devraient s'unir pour atteindre cet objectif», a appelé Kilicdaroglu. «C'est ensemble que nous gagnerons, chers concitoyens», a-t-il conclu.
Mais ce n'est pas qu'un simple discours. Dans le dernier sondage réalisé par l'institut ORC à la mi-mars, Kilicdaroglu est crédité de 53,1%. Erdogan, à 42,3%. Les chances de l'outsider se sont encore nettement améliorées depuis que le parti prokurde HDP a annoncé cette semaine qu'il ne présenterait pas son propre candidat: une manière de laisser le champ libre à Kilicdaroglu. Le potentiel électoral du parti HDP est de 10 à 12%.
Pendant ce temps, Erdogan est lui à la recherche de partenaires pour le soutenir lors de ces élections. En 2018 déjà, il s'était allié avec le parti néofasciste MHP pour assurer sa majorité parlementaire. Une tentative de rallier le Nouveau parti pour la prospérité (YRP), un parti islamiste de droite, a cependant échoué. Cette alliance aurait été importante pour Erdogan, car le YRP dispose d'un bon réseau en Anatolie centrale.
Ce n'est pas le seul échec qu'il a dû essuyer. La semaine dernière, la tentative de faire revenir Mehmet Simsek au gouvernement a échoué. Cet économiste de renommée internationale a été ministre des Finances d'Erdogan à partir de 2009 et vice-premier ministre de 2015 à 2018.
Son retour aurait été un bon signal pour les marchés financiers internationaux et pour l'économie nationale, au vu de la crise économique et monétaire dans laquelle se trouve la Turquie. Mais Simsek a refusé la proposition d'Erdogan.
En revanche, Mesut Özil semble vouloir faire partie de l'équipe Erdogan: les médias turcs rapportent que l'ancien joueur de l'équipe nationale allemande et fervent admirateur d'Erdogan se présentera sur la liste du parti AKP d'Erdogan lors des élections législatives dans sa ville natale de Zonguldak, au nord de la Turquie.